Confession priapale/6

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G. Lebaucher, Libraire-éditeur, Montréal, 1899.
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VI


L’aventure continua sur ces bases. Il n’y eut pas jusqu’à la jeune Marcelline qu’on appela à se joindre à cet étrange dévergondage. Elle était déjà formée, la petite cousine, et quoique ma satisfaction personnelle ne fût pas aussi absolue que je l’eusse désiré, je ne me lassai pas du jeu auquel on me conviait. Les vacances se passèrent fort bien, et nous nous quittâmes laissant de tendres souvenirs dans ces trois jeunes cœurs. Hélas, cette histoire occasionna tous mes malheurs. Mais il n’est pas l’heure d’en parler, n’anticipons pas.

Nous revînmes à Paris, et y récoltâmes la plus délectable des aventures, sans doute en récompense de notre sagesse à l’égard des trois pucelles. Un des amis de mon maître avait une fort jolie maîtresse, l’une de ces ravissantes blondes, à taille élancée et poétique, qui font tourner la tête à tous les hommes. Julien, très délicat sous le rapport du respect qu’on doit observer vis à vis de la bien aimée d’un camarade, résista à maintes reprises aux diverses marques d’attention qu’elle lui accorda. Il arriva cependant que cet ami Paul Bouis, dut partir pour le Midi, que mon maître l’accompagna à la gare avec cette maîtresse Myrtille, et qu’ils virent sur le quai de départ de la gare de Lyon disparaître au loin le train qui l’emportait. Restée seule avec Julien, Myrtille versa d’abondantes larmes. Elle eut presque une syncope, et Julien la conduisit dans l’arrière-boutique d’un marchand de vins, pour lui donner le temps de se remettre. Là, les sanglots continuèrent de plus belle. Des suffocations agitèrent la divine enfant, et il fallut dégrafer le corsage, d’où s’échappèrent les plus coquets nénés qu’on puisse rêver. Myrtille fermait les yeux, ceux de Julien s’ouvrirent grands. Sa main trembla, et il succomba à la tentation de caresser si exquises et si blanches chairs. Ce que j’en fus joyeux, point n’est nécessaire de l’exprimer. Je me moquais pas mal de ces sottes conventions sociales et mondaines qui empêchent les hommes de nous livrer des conins qui n’aspirent qu’à notre visite. Myrtille revint peu à peu à elle, rougit et sourit, tout comme si elle voulait ignorer les attouchements dont mon maître s’était régalé. On convint, pour dissiper la noire tristesse de la pauvre enfant, d’aller dîner ensemble au restaurant. Pour la forme, la jeune femme observa encore une feinte mélancolie, qui ne tarda pas à s’émousser devant le frôlement de la jambe de Julien, cherchant la sienne sous la table. Le pied de l’adorable créature répondit de son mieux. Je dressai la tête, et distinguai, à travers les jupes, le conin qui me souriait béatement. Pour moi, l’affaire n’était pas douteuse. On y ajouta néanmoins forces préambules. On décida de passer la soirée au café-concert, d’où en sortant Julien accompagna Myrtille jusqu’à sa porte. J’eus la venette qu’il ne poussât pas plus loin. Heureusement, elle se plaignit qu’elle avait faim, prétendit qu’elle s’ennuierait à manger seule ses provisions, et elle l’invita à lui tenir compagnie, rien qu’une petite demi-heure, après quoi il serait libre de se retirer. Ah, charmante Myrtille, comme je saisissais bien ce que vous désiriez ! Faut-il que les hommes soient godiches pour retarder si doux transports ! J’étais enfin maître de la situation, car une fois chez Myrtille je ne ménageai plus mes avertissements, mes ordres, pour que Julien facilitât mes désirs et mes plaisirs. Bonds démesurés dans la culotte, audacieux soulèvement de la chemise qui me jouait dans mes mouvements, appel même au sperme qui grouillait dans mes couilles. J’employai tous les moyens pour vaincre les derniers scrupules de Julien. Myrtille, à demi déshabillée revêtait un peignoir indiscret.

Elle ne cachait pas sa poitrine qu’elle avait superbe, elle approcha elle-même des lèvres de mon maître un ce ses nénés, et dit gentiment :

— Embrassez-vite, Monsieur.

Elle ne se perdait pas dans les chemins de détour.

Julien baisa et rebaisa ces seins de déesse, et se décida à appuyer les baisers d’une exploration des mains sous les jupes. Le cul et le conin augmentèrent l’effervescence jetée dans les veines de mon maître par la vue des nénés. Il frissonnait de tous les membres, entraîné par un désir de plus en plus violent. Myrtille ne le repoussa pas. Il promena les doigts sur toute la fente des fesses, ne se lassant pas d’en tâter le moelleux, il glissa l’index entre les cuisses pour chatouiller le bouton, il ne négligea pas de frisoter les poils du ventre, Myrtille pâmée murmura :

— Oh, le polisson, le polisson, qu’est-ce que vous touchez là-dessous ! Et la pudeur, Monsieur, vous n’en avez donc pas ? Tiens, tu as raison, je t’aime, et il y a longtemps que j’ai envie de toi, tes baisers me tueraient si tu ne me traitais pas en machine, en être t’appartenant ! Oh, je t’aime, je t’aime, je t’adore.

Les femmes désirent toujours les vits qui ne les fréquentent pas, ou auxquels leur conin paraît interdit pour une raison ou pour l’autre.

Mon maître daigna se souvenir que j’existais. Il me donna la liberté.

Myrtille me saisit dans ses jolis doigts, et s’écria :

— Oh, qu’il est gentil, le mignon, nous le mettrons bien au chaud, n’est-ce pas, mon adoré ! Tu ne me quitteras pas ce soir, tu coucheras avec moi.

Je répondis, de ma plus jolie manière, aux compliments qu’on me décernait, aux caresses de cet ange des cieux, et frémissant, sautillant dans ses mains, je lui prouvai que j’étais dans les meilleures dispositions pour la servir.

Mais Julien avait juré de me faire enrager le plus longtemps possible. Je le compris vite à son agenouillement. Comme un glouton, il enferma toute la motte de Myrtille dans sa bouche, puis enfourna la langue dans son conin, et la lécha jusqu’au plus profond des entrailles. Elle avait jeté les cuisses autour de son cou, et semblait se mourir tant la sensation lui montait au cœur. Moi je pleurais ferme, le foutre fuyait par tous mes pores. Puis, ce fut le cul qui reçut son contingent d’ardentes lippées. De temps en temps, mon maître me prenait en pitié, me conviait à admirer la profondeur de la fente, et à picoter la porte de Sodome.

Mais Myrtille s’écriait aussitôt :

— Tu me le feras après par là, si tu veux, commence d’abord par devant, je serai si heureuse de te serrer dans mes bras, et de jouir à la même seconde que toi.

Elle le tutoyait !

On aurait dit que toute leur vie ils avaient couché ensemble ; tout leur paraissait naturel ; l’amour est mêla paradisiaque lorsqu’il s’offre ainsi.

Malgré les émotions qui m’assaillaient, je me raidissais de plus en plus. Je respirais avec délices les effluves amoureuses du conin qui depuis si longtemps aspirait à ma visite ! Jamais, même avec Clotilde, je n’éprouvai bonheur si intense. Le ciel, les anges, la félicité éternelle, tout cela se rendait tangible à mon contact. Mon maître ne se fatiguait pas de baiser, de sucer, de dévorer les charmes de cette ineffable créature.

Elle devina que ma part n’était pas assez large. Elle m’accorda quelques suçons vertigineux. Tous les plaisirs ressentis jusqu’à cette heure s’évanouirent. Ces jolies lèvres qui, sans embarras, sans sollicitations, venaient me chercher, me rendirent fou de joie, d’orgueil, d’exultation, je leur jurai de conserver à tout jamais leur souvenir dans le cœur de Julien, et je tins parole. Ah, quelle nuit inoubliable nous passâmes là ! Je restai sur la brèche tant que le voulut mon maître, huit fois je répondis à l’appel de mon tendre conin. À moi, il était bien à moi, quoique les circonstances de cette idiote vie mondaine l’eussent attribué à Paul Bouis. Dans les Mondes et dans les Éternités, il y a de ces affinités mystérieuses qui lient les uns aux autres les hommes et les femmes, les priapes et les conins. Myrtille, appartenait d’âme à mon maître, comme son conin m’appartenait matériellement. On s’endormit au petit jour, et on ne se quitta pas.

Myrtille se moquait de tout. Elle aimait Julien à ne plus vouloir s’en séparer, même au retour de celui qu’elle avait pleuré la veille à la gare de Lyon.