Contes étranges/Notice biographique

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Traduction par E.A. Spoll.
Contes étrangesMichel Lévy Frères (p. i-iii).


NATHANIEL HAWTHORNE

NOTICE BIOGRAPHIQUE


Le grand écrivain, le penseur original dont nous présentons au public une série de contes qui passent à bon droit pour des chefs-d’œuvre en ce genre, était fils d’un capitaine au long cours, qui mourut dans un voyage qu’il faisait à la Havane. Hawthorne avait cinq ans lors de cet événement ; il était né le 4 juillet 1804, à Salem, dans le Massachusetts, et son enfance s’écoula paisible dans une ferme voisine du lac Sébago, dans l’État du Maine.

Il entra d’abord au collége de sa ville natale, puis à celui de Bowdoin, où il eut pour condisciples Wadsworth Longfellow et Franklin Pierce, dont il devait être le biographe ; il termina ses études en 1825.

Ses premiers essais, publiés dans des Magazine, furent réimprimés en deux séries, en 1837 et en 1842, sous le titre de Twice told tales (Contes deux fois dits), et attirèrent du premier coup l’attention du public sur le jeune et brillant écrivain.

En 1828, il obtint un emploi à la douane de Boston ; mais il s’en démit en 1841 pour se marier et aller s’établir à Concord, dans une paisible et délicieuse retraite où, livré à ses chères études littéraires, il passa les années les plus heureuses de sa vie.

L’admirable recueil de contes intitulé Mosses from an old Manse (Mousses d’un vieux presbytère) est daté de cette oasis du poëte.

Il la quitta cependant en 1846 pour aller occuper un modeste emploi à Salem, où, durant ses instants de loisir, il composa la Lettre rouge, ce beau roman qui, traduit En français par M. Forgues, obtint chez nous un si grand succès.

Peu de mois après, il se retirait à Lenox, d’où sont datées deux productions bien différentes, la Maison aux sept pignons, roman d’analyse intime, et le Roman de Blithedale, satire excessivement fine des doctrines socialistes de Fourier, qu’il avait étudiées sur le vif durant quelques mois passés dans le phalanstère de Brook Farm, près de Roxbury, en 1852.

Il retourna ensuite dans sa petite maison de Concord et y publia une Vie de Franklin Pierce, pour favoriser l’élection de ce dernier à la présidence. Franklin, une fois élu, témoigna sa reconnaissance à son ami en le nommant au consulat de Liverpool. C’est durant ce séjour en Angleterre qu’il réunit les matériaux du livre qu’il a consacré depuis à la vieille Europe : Our old home (Notre vieux foyer).

Hawthorne abandonna cependant cette importante position pour voyager sur le continent, et finalement retourner aux États-Unis, où il publia cette œuvre étrangement magnifique qui a pour titre Transformation, et dont Vermorel a publié dans la Revue contemporaine une traduction remarquable (1859). Ce fut son dernier ouvrage et son dernier succès. Il s’éteignit en 1864 à Plymouth (New-Hampshire), dans le cours d’un voyage qu’il faisait pour rétablir sa santé, en compagnie de M. Franklin Pierce.

Outre les ouvrages que nous venons de citer, et qui sont les plus importants, on a de lui l’Image de neige et autres contes, le Journal d’une croisière en Afrique, le Livre des merveilles, le Fauteuil du grand-papa et les Contes de Tanglewood.

On a, mais à tort, essayé d’établir un parallèle entre Hawthorne et Edgar Poe. Rivaux en gloire, tous deux grands écrivains et profonds analystes, ils diffèrent essentiellement par le but à atteindre et les procédés dont ils font usage.

Nous nous sommes efforcé de réunir dans ce volume les contes qui caractérisent le mieux les différentes manières de notre auteur, et nous n’en avons élagué d’une main respectueuse que ce qui semblerait trop obscur à des lecteurs français. Quant au style de notre traduction, nous avions à lutter contre un modèle trop parfait pour espérer l’égaler ; notre seule ambition est d’avoir donné de l’original un reflet affaibli, mais qui en reproduisît avec fidélité la saveur et le caractère.

E. A. S.