Contes arabes (Basset)/Avant-propos

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Ernest Leroux, éditeur (Collection de chansons et de contes populaires, VIIp. i-xxii).

AVANT-PROPOS



L’ÉTUDE du folklore, pour employer le terme désormais consacré, est devenue de nos jours une véritable science, et, pour ne parler que des contes, chaque année voit paraître plusieurs recueils de récits, occidentaux et orientaux, qui viennent augmenter la collection, déjà si considérable et pourtant si incomplète encore, de ces documents autre/bis dédaignés. Tous n’ont pas cependant la même importance, et il est utile de distinguer entre les contes recueillis aujourd’hui pour la première fois et ceux qu’une rédaction écrite a modifiés en leur donnant une forme plus ou moins littéraire.

L’histoire de ces derniers a déjà été entreprise avec succès, et, bien que le sujet soit loin d’être épuisé, les travaux de De Sacy, de Loiseleur de Longchamps et enfin de Benfey sur le Pantchatantra, ceux de M. Comparetti sur le cycle de Sindibâd, de M. Kirpitchnikov sur le Barlaam et Josaphat, de M. Pertsch sur le Touti-Nameh, etc., ont montré quelle influence l’Orient a exercée, au moyen âge, sur les littératures de l’Occident. On a su retrouver le chemin suivi, depuis l’Inde jusqu’à la France, par « cette longue caravane de récits », déterminer les stations faites par elle dans les littératures pehlvie, syriaque, arabe, hébraïque, persane, turke, grecque, moghole, latine, espagnole, française, slavonne, etc. ; et, si quelques-unes de ces étapes ne nous sont connues que de nom, la marche générale est aujourd’hui hors de doute.

On a été plus loin : après avoir établi d’une manière irréfutable que le bouddhisme est le point de départ de tous les cycles que nous connaissons, on s’est demandé si les missionnaires de Sakyâ-Mouni ont inventé les apologues dont ils appuyaient leurs prédications, ou s’ils n’ont fait qu’employer, en les modifiant, les récits populaires qui avaient cours de leur temps. C’est ici que les deux branches du folk-lore se réunissent : la branche cultivée et la branche populaire. Les découvertes récentes faites dans les littératures égyptienne et assyrienne nous obligent à reporter plus haut que le ve siècle avant notre ère l’invention des romans : la publication des contes zoulous, berbères, celtiques, germaniques, slaves, a modifié la théorie exposée pour la première fois par Benfey. Retrouvera-t-on une source commune, placée bien près des temps préhistoriques, ou faudra-t il admettre que les contes ont pris naissance simultanément sur plusieurs points différents ? C’est ce qu’il est impossible de préjuger aujourd’hui : les éléments nécessaires à la discussion de cette question sont loin d’être rassemblés. On a seulement établi qu’outre les ressemblances créées par la communauté d’origine ou les emprunts, il existe des formules ou traits communs à divers groupes, et cette découverte a fait faire un pas de plus à la solution de ce problème.

Dans leur marche d’Orient en Occident, les familles de contes ont été souvent le point de départ de nouveaux cycles. C’est ce qui est arrivé pour le recueil que je traduis aujourd’hui. Le savant mémoire de M. Comparetti[1] a exposé les modifications et les remaniements du livre de Syntipas ou Sindibâd-Nameh. De ce tronc partent deux rameaux qui ont eu leur fortune particulière : les Quarante vizirs et le Bakhtiâr-Nameh ou histoire des dix vizirs. Plus tard, ce dernier ouvrage a été compris avec le Sindibâd-Nameh dans une des rédactions des Mille et une Nuits, qui embrasse des cycles d’origine différente. C’est ainsi qu’au xiiie siècle le brahmane Somadéva de Kachmir fit entrer dans le Kathasaritsagara ou Vrihatkatha la plus grande partie des collections de récits qui existaient alors dans l’Inde.

On connaît le sujet du Syntipas : un prince est averti par son précepteur de garder, pendant sept jours, le silence le plus absolu. Il repousse les propositions de sa belle-mère ; celle ci l’accuse près de son mari qui ferait mettre son fils à mort si chacun des sept vizirs (des sept sages dans les versions occidentales) ne racontait chaque jour, à tour de rôle, une ou deux histoires, grâce auxquelles le supplice est différé. C’est en vain que chaque nuit la reine a recours au même moyen pour arracher une condamnation : celle-ci est révoquée le lendemain, et, le huitième jour, la vérité est découverte. Dans le Bakhtiâr-Nameh, un prince, après diverses vicissitudes, devient le favori de son père qui l’a abandonné aussitôt après sa naissance et ne le reconnaît pas. Les vizirs, au nombre de dix, jaloux du crédit du jeune homme, profitent d’une circonstance pour le perdre dans l’esprit de leur maître. Ce dernier condamne à mort son fils qui, pendant dix jours, échappe au supplice grâce à un récit toujours en rapport avec sa situation. Le onzième jour, il est retrouvé par celui qui l’a élevé et reconnu par le roi qui punit ses ministres.

On voit, en comparant ces deux analyses, que le Bakhtiâr-Nameh s’est arrêté dans son développement. Pour que la symétrie fût complète, comme dans le Syntipas, il faudrait que les vizirs ou la reine, devenue ici leur complice, racontassent au prince des histoires destinées à combattre l’influence produite par celles du jeune homme. Cette particularité tient sans doute à ce que cette branche du Syntipas, d’origine relativement récente, eut moins défaveur que les autres. Nous ne la retrouvons pas, comme le roman des Sept Sages, le Barlaam et Josaphat, le Kalilah et Dimnah, dans les littératures européennes du moyen âge. Bien plus, si quelques traits communs à d’autres groupes se rencontrent dans celui-ci, je n’aurai à signaler qu’un seul conte qui existe, avec ses données essentielles, quoique fort modifié, dans les Quarante vizirs[2]. Je pourrai citer aussi quelques ressemblances de détail, mais bien plus rares que celles qu’on rencontre dans les contes venus par la tradition orale et ceux qui sont passés depuis longtemps dans le domaine de la littérature écrite.

La donnée qui sert de cadre aux onze histoires de ce recueil n’est pas particulière au Sindibâd-Nameh et aux deux cycles qui s’y rattachent : les Quarante vizirs et le Bakhtiâr-Nameh. Dans le Neh Manzer et les Mille et une Nuits, une condamnation à mort est remise de jour en jour grâce à des contes. Il faut toutefois remarquer que, dans les plus anciens récits de ce genre, le nombre des jours funestes est déterminé à l’avance et connu par l’astrologie : cette période dangereuse une fois passée, le danger n’existe plus. Dans les remaniements postérieurs, cette condition a disparu : la porte est restée ouverte aux additions et aux suppressions. Les Mille et une Nuits, par exemple, pourraient être doublées, sans rien changer à l’économie générale du recueil.

J’ai dit plus haut que le Bakhtiâr-Nameh était une branche du Sindibâd-Nameh ; c’est également l’opinion de M. Comparetti[3]. J’ajouterai que cette rédaction a dû prendre naissance en Perse. Outre que, dans la version la plus ancienne, les villes et les pays cités, sauf une ou deux exceptions, appartiennent au plateau iranien ; les noms propres : Azâd-bakht, Zâd chah, Behrédjour, Behréwân, Pehléwân, etc., sont persans. De plus, dans aucune des littératures de l’Inde, il n’existe, au moins à ma connaissance, de recueil qui ait été l’original de ceux que nous possédons sur cette donnée. Dans son Essai sur les fables indiennes[4], Loiseleur de Longchamps a trouvé des rapports entre le Bakhtiâr-Nameh et l’Alakeswarâ-Kathâ, contes tamouls cités par Wilson dans son Catalogue des manuscrits du colonel Mackenzie[5]. « Les quatre ministres du roi d’Alakapour, étant accusés faussement d’avoir violé le privilège des appartements intérieurs, prouvent leur innocence et désarment la colère du roi en racontant un certain nombre d’histoires. » Il n’y a ici, comme on le voit, qu’une lointaine ressemblance avec un épisode du cadre du Bakhtiâr-Nameh. Quant au roman des Aventures des quatre derviches et du roi Azâd-bakht, plus connu sous le nom de Bâg o bahar (le Jardin et le Printemps), récemment traduit de l’hindoustani par M. Garcin de Tassy[6], il n’a de commun que le nom du prince.

On remarquera la relation étroite qui existe entre le cadre du Bakhiiâr-Nameh et les récits qu’il renferme : ce qui est peut-être l’indice du peu d’ancienneté et de l’unité de composition, tandis que les autres cycles, le Pantcha-tantra, le Syntipas, etc., présentent, au moins dans leur forme actuelle, les apparences d’une œuvre collective, en dépit des noms de Vichnousarman ou du Persan Mousès.

Il n’est pas une situation de l’histoire d’Azâd-bakht et de son fils, qui ne se retrouve dans les récits que celui-ci fait à son père : le marchand infortuné est accusé à tort d’avoir violé les secrets du harem royal (conte 1) ; le fils du joaillier, devenu le favori de son frère qui ne le connaît pas, est soupçonné d’avoir voulu l’assassiner et périrait sans la sage lenteur du roi (conte II) ; Dâdbin épouse Aroua, comme Azâd-bakht avait enlevé Behrédjour (conte V) ; Abou-Témâm est calomnié par les vizirs jaloux de son crédit (conte VIII) ; les aventures du fils d’Ibrahim, recueilli par des voleurs, sont aussi surprenantes que celles du fils d’Azâd-bakht (conte IX) ; enfin la femme du roi de Roum est l’objet des soupçons de Qaïsar, ignorant que Mélik chah est le fils que la reine a eu d’un premier mariage (conte X).

Il me reste à parler des différentes versions de cet ouvrage et en même temps à essayer de déterminer la date vers laquelle il a été composé. Comme je l’ai déjà fait observer, il n’existe point, dans les langues de l’Inde, de version qui serait aux textes postérieurs ce qu’est le Pantcha tantra[7] au Kalilah et Dimnah et à ses nombreuses imitations ; le livre de Siddhapatha, aujourd’hui perdu, aux diverses branches du Syntipas ; le Vétalapantchavinsati aux contes moghols et kalmouks de Siddhi-Kur ; le Sinhasanadvatrinsati à l’histoire d’Ardji-Bordji-Khân ou du Trône enchanté, le Souka-Saptati au Touti-Nameh, etc. On pourrait objecter l’existence d’une version malaie dont un fragment (l’histoire de Behzâd) a été publié par M. Niemann[8], ce qui semblerait indiquer une traduction dans une des langues de l’Inde. Mais cette histoire dérive du texte persan : si c’est directement ou indirectement, je l’ignore et laisse aux érudits qui s’occupent de malai, le soin de décider si celui-ci a fait des emprunts immédiats ou non à la littérature persane. Même en admettant cette seconde hypothèse, il ne s’agirait toujours que d’une version se rattachant aux recensions persanes, et par conséquent postérieure, comme je le montrerai tout à l’heure.

Le plus important des textes qui nous sont parvenus, mais aussi le moins connu, est celui en langue ouïgoure que renferme un manuscrit de la Bibliothèque Bodléienne à Oxford. Jusqu’à présent, deux orientalistes seulement en ont publié un extrait et, par une fâcheuse rencontre, ils ont choisi la même histoire, celle du roi Dâdbin[9]. En 1827, A. Jaubert donna dans le Journal Asiatique une Notice et un Extrait de la version turque du Bakhtiar-Nameh, d’après le manuscrit en caractères ouïgours. Abel Rémusat, dans ses Recherches sur les langues tartares, avait reconnu l’écriture, la langue et le sujet de cet ouvrage déjà mentionné par Hyde et l’éditeur du dictionnaire de Meninski[10]. En 1882, Davids publia, à la suite de sa Grammaire turke[11], le fac-similé, la transcription et la traduction du conte déjà déchiffré, édité et traduit par Jaubert. Ce manuscrit, de 294 pages in-f°, est daté du mois de dzou’lh’iddjeh, l’an 838 de l’hégire (1434 de J-C), l’année du Lièvre, suivant le calendrier ouïgour. Cette copie est donc antérieure à celle des autres textes que nous possédons dans cette langue : le Koudat Koubilik (la Science du gouvernement) composé en 462 de l’hégire (1069 de J.-C) dont on a un manuscrit daté de 853 de l’hégire (1459 de J.-C), année du Mouton[12] ; le Mirâdj-Nameh[13] (histoire de l’ascension de Mohammed) et le Tezkirat ul Evlia (Vies des saints musulmans) dont la copie porte la date du 10 de djoumada second, 840 de l’hégire (1436 de J.-C), l’année du Taureau[14]. Comme la plupart des ouvrages de cette littérature, la rédaction ouïgoure est une traduction d’une version persane, peut être la rédaction originale du Bakhtiâr-Nameh, aujourd’hui perdue et antérieure par conséquent à 1434. D’un autre côté, les textes persans du Sindibâd-Nameh qui servirent sans doute de modèle à notre recueil, datent (deux certainement sur trois) du xive siècle. C’est d’abord la 8e nuit du Touti-Nameh de Nekhchébi, mort en 1321, puis une rédaction en vers, faite en 1375 sur un texte en prose que nous ne possédons plus[15]. On peut donc admettre, sans l’affirmer absolument, que la version originale du Bakhtiâr-Nameh dut être composée dans la dernière moitié du xive siècle. Le style simple et dégagé d’ornements de la rédaction ouïgoure, la première en date que nous ayons, permet de fixer vers cette époque la composition de l’original persan.

À quelle époque ce roman fut-il traduit en arabe ? Nous l’ignorons et nous savons seulement qu’il l’était lors de la rédaction du texte des Mille et une Nuits, tel que l'a publié et traduit Habicht. Cette recension fut la première connue. Dans sa Bibliotheca Orientalis[16], M. Zenker cite les Onze journées, conte arabe. par Galland, Paris, in-16, s. d. C’est probablement le Bakhiiâr-Nameh, et la traduction fut faite sans doute sur le manuscrit 1790 du supplément arabe de la Bibliothèque Nationale. Cette version fut suivie d’une autre, considérablement modifiée et défigurée, publiée par Dom Chavis et Cazotte, d’abord dans les Nouveaux contes arabes[17] et ensuite dans le Cabinet des Fées[18], et traduite en allemand sous le titre de Die Eilf Tage[19] en 1789. Une autre version dans la même langue, due à L. A. W(ichmann), parut l’an suivant à Dresde et à Leipzig et fut rééditée par Bertuch dans la Blaue Bibliothek der allen Nationen[20]. En 1792, une traduction anglaise de l’œuvre de D. Chavis et Cazotte fut publiée à Edimbourg[21], et ensuite dans les Arabian Tales[22]. Enfin Knös, après en avoir donné un fragment dans une thèse de doctorat[23], fit paraître en 1807, à Göttingen, le texte arabe qu’il avait écrit à Paris, sous la dictée d’un Tunisien, nommé Mardoche (ou plus correctement Mourad En Naddjâr), d’après un manuscrit du Caire, appartenant à Moustafa Efendi[24]. C’est d’après cette édition que j’ai fait ma traduction. Outre les formes vulgaires qu’il renferme, cet ouvrage est rempli de fautes d’impression, comme, du reste, les autrès publications de Knös. Cette recension s’accorde absolument avec l’édition que donna Habicht dans les Mille et une Nuits[25], ainsi qu’avec la version ouïgoure, mais il s’écarte sensiblement du groupe persan. Dans sa Continuation des Mille et une Nuits[26], Caussin de Perceval donna une nouvelle traduction du texte arabe que R. Ch. Rasch fit passer en danois en 1828[27]. Les versions française et latine annoncées par Knös n’ont pas paru.

Une autre recension arabe existe en manuscrit au British Muséum[28], et je dois à l’obligeance de M. Zotenberg de pouvoir donner ici le titre des contes dont quelques uns paraissent différents de ceux que nous connaissons :

1° Histoire du marchand de Perse et de ses aventures ;

2° Histoire du marchand et de ses deux fils ;

3° Le juste Abou Sâber le Dihqân et comment il sortit du caveau ;

4° Histoire de la reine Djihânah, fille du roi Safouân, maître de l’Omân ;

5° Histoire de la pieuse Aroua-Khatoun et de ses aventures avec le roi Dâdbin et ses vizirs ;

6° Histoire du roi Behrâmdjour, fils de Djondi-Sabour, avec Qaïsar, le roi de Roum ;

7° Histoire du roi Bakht-Azmâ le Persan ;

8° Histoire du roi Beïdâd et de son fils Behrâd ;

9° Histoire du roi Ilân-Châh et de ce qui lui arriva avec Abou-Temâm, à cause de ses vizirs envieux ;

10° Soleimân-Châh ;

11° Berhin-Châh.

J’ai déjà en l’occasion de dire que les recensions persanes que nous possédons sont postérieures, au moins pour la rédaction, au texte arabe. Le vague des expressions, les ornements inutiles et les fautes de goût, défauts communs aux ouvrages de ce genre, ne manquent pas ici. Une seule version, publiée et traduite par Ouseley[29], est plus sobre de développements. Aussi a-t-elle été l’objet de la critique de Lescallier qui a remanié, comme il l’avoue, trois textes pour donner une « rédaction plus suivie, plus complète et plus ordonnée »[30]. Il s’est servi, outre l’édition de son prédécesseur, de deux manuscrits de la Bibliothèque nationale[31]. C’est d’après l’un d’eux que M. Kazimirski a donné en 1839 un texte lithographié[32]. La marche et le nombre des histoires sont les mêmes dans ces trois recensions. Une nouvelle traduction française fut publiée par Gauthier dans ses Mille et une Nuits[33].

Voici le tableau comparé des trois principales rédactions du Bakhtiâr-Nameh. Je n’ai pu y faire figurer le texte ouïgour dont je ne connais que le cinquième récit :

VERSION ARABE
Knös, Habicht, Caussin de Perceval.
(Version ouïgoure ? )

VERSION ARABE
(British-Museum)

VERSION PERSANE
Gauthier, Lescallier, Kazimirski, Ouseley.
(Version malaie ? )

I J. 
Marchand infortuné
II J. 
Marchand précipité
III J. 
Abou Sâber
IV J. 
Behzâd
V J. 
Dâdbin
VI J. 
Bakht-Zémân
VII J. 
Behkerd
VIII J. 
Abou-Temâm
IX J. 
Ibrahim et son fils
X J. 
Solaïmân-Châh
XI J. 
Le condamné sauvé
Marchand de Perse (I)[34]
Marchand et ses fils (II)
Abou Sâber (III)
Djihanâh ( ?)
Aroua-Khatoun (V)
Behrâm-Djour (VII ?)
Bakht-Azmâ (VI)
Beïdad et son fils (IV)
Ilân-Châh (VIII)
Solaïmân-Chah (X)
Berhin-Châh (IX)
Marchand infortuné (I)
Bahézâd (IV)
Abou Sâber (III)
Le roi du Yémen (VII)
Dâdin (V)
Le roi d’Abyssinie (X)
Marchand précipité (II)
Abou-Temâm (VIII)
Le roi d’Arabie (X)


En résumé, le Bakhtiâr-Nameh paraît avoir été composé en persan (recension aujourd’hui perdue) dans la seconde moitié du xive siècle. Il passa de là en ouïgour (xve siècle) et probablement en arabe (recensions de Knös et du British Museum). Dans la dernière moitié du xve siècle, il fut remanié en persan, soit d’après l’original, soit d’après un texte arabe, et sur cette version fut faite la traduction malaie.


Lunéville, 13 octobre 1882.



  1. Ricerche intorno al libro di Sindibâd.
  2. Huitième histoire : Ilân-Châh et Abou-Temâm. Voir note 44.
  3. Ricerche, p. 5.
  4. P. 178.
  5. Mackenzie collection, t. I, p. 220
  6. Un volume gr. in-8o, Paris, 1878, forme le t. VIII de la collection des Publications de l’École des langues orientales.
  7. Il ne s’agit pas de la version sanscrite du Pantchatantra telle que nous la possédons aujourd’hui, mais de celle d’après laquelle a été faite, au vie siècle, la version pehlvie de Barzouych.
  8. Maleisch Leseboek, p. 18.
  9. Voir la cinquième Journée.
  10. Hyde, qui donna le fac-similé de la première page dans sa Religio veterum Persarum, le prenait pour le code des lois de Djenguiz-Khan écrit en khitaï ; W. Jones (Asiatic Researches) en faisait du mauvais coufique ; Langlès y voyait du moghol.
  11. Planche II, pp. 177-184 de la traduction française.
  12. Cet ouvrage, après avoir été décrit par A. Jaubert (Notice d’un manuscrit turc en caractères ouïgours. Paris, 1825) et Davids (Grammaire turque, pl. III, pp. 184-186), a été publié par M. Vambéry : Uigurische Sprachmonumente und das Kudat Kubilik, Text, Transcription, Übersetzung, Glossar, etc, in-4o. Innsbrück, 1870.
  13. Le Mirâdj-Nameh, publié pour la première fois d’après le manuscrit ouïgour de la Bibliothèque nationale par M. Pavet de Courteille. Paris, 1882, gr. in-8o, forme le tome VI de la 2e série de la collection des Publications de l’École des langues orientales.
  14. Jaubert, dans sa Notice, et Davids, qui paraît l’avoir copié, disent que la copie du Koudat Koubilik date de 853 de l’hégire et celle du Mirâdj-Nameh de 840, et ils assimilent 853 à 1439 et 840 à 1456, commettant ainsi une erreur de dix ans dans leur comparaison des deux calendriers. Que Jaubert ait mal lu le nombre ouïgour ou qu’il se soit trompé, faisant passer les dates musulmanes dans l’ère chrétienne, il n’en reste pas moins acquis que le manuscrit du Bakhtiâr est plus ancien que les deux autres. À ces ouvrages, il faut joindre l’Oghouz-Nameh, récemment découvert.
  15. Comparetti, Ricerche, pp. 3-4.
  16. T. II, p. 623.
  17. T. III.
  18. T. XL.
  19. Iéna, in-12, 1789. L’ordre des contes a été absolument modifié et quelques-uns ont disparu. En voici la liste :

      Melekschah et Schahkadun (10e hist. de la version arabe) ;
      L’heureuse condamnation à mort (11e) ;
      Les caprices du destin ; histoire d’Abu-Bekr (1re) ;
      Abu-Tamam
      Le danger de vivre à la cour
      Kaireddin ou les dangers de la précipitation (2e) ;
      Il est si beau de pardonner (7e) ;
      La prédiction (9e) ;
      Mach-Allah et Beherdschur, ou l'amour maternel à l'épreuve (introduction) ;
      10° Mach-Allah et Beherdschur, continuation et conclusion (introduction) ;
      11° Abu-Saber ou la patience (3e).
  20. Citée par M. A. Keller, Li romans des Sept Sages, Einleitung, p. xi.
  21. Id., loc. land.
  22. T. II, pp. 1-230.
  23. À la suite de sa Disquisitio de fide Herodoti.
  24. Knös, Historia decem vizirorum, préface.
  25. Tausend und eine Nacht, t. VI, pp. 191-343, comprenant les Nuits 435-486. Ce texte a sans doute passé dans la traduction allemande du même auteur que je n’ai pu consulter. Il existe aussi à la bibliothèque de Leyde. Cf. Cat. Codic. orient. bibl. acad. Lugd Batav, t. I, n° 463, fonds arabe. Voir l’appendice.
  26. T. VIII, p. 221.
  27. Cité par M. A. Keller, Li Romans des Sept Sages, Einleitung, p. xi, d’après le Zeitgenossen, t. V, livr. 5, 1834, p. 88.
  28. Catal. Codic. mss. orientalium. P. II, n° 700, f° 289, daté de 1026 hég. (1617).
  29. London, 1801, gr. in-8o.
  30. Bakhtiar-Nameh, ou le favori de la fortune ; Préface, p. vii.
  31. Supplément persan, nos 910 et 911. Le premier est daté de 944 de l’hégire (1537 de J.-C.) ; le second est de la même époque. La bibliothèque de Leyde (Catalogus codic. orient., t. I, n° 494) possède un manuscrit de la version persane, daté de 895 hég. (1489). Il en existe également deux exemplaires à la Bibliothèque Bodléienne, à Oxford. C’est donc au moins à la fin du xve siècle qu’il faut faire remonter la rédaction des recensions persanes telles que nous les connaissons.
  32. Bakhtiâr-Nameh, texte persan, i vol. in-4o.
  33. T. VI, Nuits 439 et suivantes.
  34. Les numéros entre parenthèses indiquent l’ordre du texte arabe d’après Knös, etc.