Contes des landes et des grèves/Les femmes et le secret
XXXVII
LES FEMMES ET LE SECRET
Il y avait une fois un braconnier qui était à l’affût. Vers quatre heures du matin, il entendit chanter le coucou au-dessus de lui. Il le tua et le cacha sous terre au pied d’un chêne. Il revint ensuite à la maison avec une figure d’enterrement.
— Qu’as-tu à être triste ? lui demanda sa femme.
— J’ai tué mon frère, répondit-il, et je l’ai enterré, mais ne le raconte à personne, ou je suis perdu.
Dès qu’il fut parti, la femme alla voir ses commères et leur dit :
— Mon mari a tué son frère ; surtout ne le dites à personne.
Mais au milieu de la journée tout le monde savait la chose dans la paroisse et les gendarmes en furent avertis. Ils vinrent à la maison du braconnier et lui dirent :
— Vous avez tué votre frère ?
— Oui, répondit-il.
— Où l’avez-vous mis ?
— Venez avec moi.
Il les conduisit au pied de l’arbre et déterra le coucou.
— Voilà, dit-il, le frère que j’ai tué.