Contes du lit-clos/Le Bouton d’or

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Contes du Lit-ClosGeorges Ondet, Éditeur (p. 287-288).


LE BOUTON D’OR




Dédaigneux des fleurs de jardins
Je respecte les fleurs mystiques,
Mais j’adore les fleurs rustiques
Pour qui vous n’avez que dédains,
Et ma préférée est encor,
Entre toutes, l’humble fleurette,
Landerirette !
Qui s’appelle le bouton d’or !

Dès que la jeune Aurore a lui.
Il met le nez à sa fenêtre :
Dans les brins d’herbe on le voit naître,
Dans l’herbe haute comme lui. —
Ai-je raison ? Avez-vous tort ?
Vous préférez la violette ?
Landerirette !
Moi j’aime mieux le bouton d’or !

Sitôt que le vent sourne un peu,
J’admire le grand blé qui bouge :
Le pavot m’y paraît trop rouge,
Le bleuet m’y semble trop bleu ;
Avec son cœur en similor,
J’aime presque la pâquerette,
Landerirette !
Mais j’aime mieux le bouton d’or !


Les grands Lys, avant leur trépas,
Avaient des grâces souveraines :
Reines des fleurs sont fleurs de Reines.
Les roses ? Oui, je ne dis pas…
Mais elles embaument bien fort,
Et, moi, j’aime une odeur discrète,
Landerirette !
Et… j’aime mieux Le bouton d’or !

Ai-je tort ? Avez-vous raison ?
Pour vous convaincre que dirai-je ?
Chez nous on la trouve à foison :
On dirait que Dieu la protège !
Et puis… c’est le soleil d’Arvor
Qui dore ainsi sa collerette,
Landerirette !
Et vive donc le bouton d’or !