Contes du lit-clos/Les Avoines grises

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Contes du Lit-ClosGeorges Ondet, Éditeur (p. 279-280).


LES AVOINES GRISES

(Sône)




Tout le long des avoines grises
Je vas promenant mon ennui ;
Je n’entends plus jaser les brises,
J’ignore si le soleil luit…
De l’aurore jusqu’à la nuit
Tout le long des Avoines grises
Je vas promenant mon ennui !

Tout le long des Avoines grises
Nous rôdions à deux, l’an dernier !
Mon cœur, il faut que tu me dises
Pourquoi tu ne peux oublier !…
Au retour du mois printanier
Tout le long des Avoines grises
Nous rôdions à deux, l’an dernier !

Tout le long des Avoines grises
Nous rôdions, tous deux la Lison :
Pourquoi faut-il que des promises
Désertent, un jour, leur maison ?…
Et je chante, seul, ma Chanson :
Tout le long des Avoines grises
Je la chantais avec Lison !

Tout le long des Avoines grises
Nous menions paître nos troupeaux
De pain, de fraises, de cerises
Nous nous régalions aux repos ;

Je lui tenais de doux propos…
Tout le long des Avoines grises,
Nous menions paître nos troupeaux !

Tout le long des Avoines grises
On fit des serments solennels,
Et j’ai, sur ses lèvres exquises,
Bu les poisons les plus mortels…
Comme devant les saints Autels
Tout le long des Avoines grises
On fit des serments solennels !

Mais, un matin, l’Avoine grise
Dut être fauchée à son tour :
Le même jour l’ingrate Lise
Loin de moi s’en fut, sans retour !…
Depuis, je pleure nuit et jour,
Car en fauchant l’Avoine grise
On a fauché mon pauvre amour !

… Et voici que l’Avoine grise
Déjà monte et déjà mûrit !…
Je pleure toujours ma promise,
Mon désespoir n’est pas guéri !
Des coquelicots ont fleuri ?
Que non pas : dans l’Avoine grise
C’est le sang de mon cœur meurtri !








(Cette poésie est éditée séparément. — G. Ondet, éditeur.)