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Contes et scènes de la vie de famille/Le Serment des petits Polonais

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LE SERMENT DES PETITS POLONAIS

Seigneur, préservez-moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même,
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur, l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

Victor Hugo

I

LA NOURRICE PARASKA

Dans une rue ordinairement tranquille de la petite ville de Podhaïtzy, en Gallicie, plusieurs femmes pleines d'empressement et de trouble couraient de porte en porte, se demandant l’une à l’autre et de quart d’heure en quart d’heure : « Avez-vous vu mon enfant ? — Le vôtre est-il revenu ? » et, n’ayant rien à se répondre de consolant, depuis la veille au soir que durait cette enquête, recommençaient de courir, se croisant en tous sens, rapides comme des hirondelles qui rasent le sol par un temps d’orage.

La bonne Paraska, nourrice de Léonard qu’elle cherchait depuis l’aube, ayant marché cinq heures avec l’anxiété d’une nourrice idolâtre de son nourrisson, revenait inondée de sueur. Elle suspendit un moment sa course au bord de la Kropia, rivière agile qui traversait son chemin, et trempa dedans son mouchoir pour laver son visage ; car il était brûlé par le soleil et par les larmes qui l’empêchaient de percer de toute la longueur de ses yeux les haies, les steppes, les bois et les murailles.

Elle avait vu grandir et diminuer son ombre, suivant l’heure, tantôt devant et tantôt derrière elle, comme une personne aussi inquiète qu’elle-même, lui tenant étroite compagnie, s’allongeant à perte de vue ou s’abaissant à croire qu’elle se mettait à genoux dans sa détresse de ne pas rencontrer Léonard.

Ombre et nourrice s’arrêtent vainement chez le faiseur de meules, qui laissait souvent Léonard tourner de petites meules à sa taille ; vainement chez le potier, où l’enfant passait de longues heures à façonner de menus plats qu’il faisait cuire et durcir lui-même dans le grand four ; vainement chez le poissonnier d’eau douce, dont les viviers attiraient Léonard, ami passionné des poissons et de leur élément qui brille ; et enfin chez le charron et le toilier, qui tenaient Léonard dans des ravissements infinis devant les merveilles qu’il leur voyait créer pour le bonheur du monde. Tous ces goûts de Léonard, que la nourrice ne manquait pas d’observer, la faisaient songer en elle-même qu’un enfant qui veut apprendre tant de choses est un prodigieux enfant destiné peut-être à se faire roi. Mais en ce moment elle ne brûlait de l’atteindre que pour le traiter en nourrisson qui lui était encore subordonné.

Ayant ainsi roulé ses pas et son âme pour découvrir la trace de l’écolier errant, Paraska vit de loin le vieux Pater-Noster traînant sa jambe enveloppée d’une peau de chèvre, et s’aidant de sa béquille pour aller s’asseoir sous la grande figure de saint Christophe. Pater-Noster regarda curieusement Paraska et Paraska regarda Pater-Noster ; mais, ayant cette fois toute autre chose en tête que de lui faire l’aumône, elle passa comme une flèche devant lui, se contentant de tirer une courte révérence à saint Christophe et de répondre au salut des cheveux blancs du pauvre qu’il inclinait devant elle : « Oui, oui ! Dieu vous aide ! » Puis tout à coup elle songea que le vieux Pater-Noster aimait Léonard qui lui parlait et lui donnait souvent, et qu’il aurait pu le reconnaître partout s’il l’avait rencontré loin de sa maison. Elle revint donc vivement jusqu’à l’angle du carrefour où le mendiant faisait halte sur sa béquille.

— Ami Pater-Noster, lui dit-elle, avez-vous vu mon panitch[1], mon Léonard ? le plus jeune maître de notre maison où vous venez souvent, là-bas, sous les grands sureaux plantés devant ?… Je cherche partout mon panitch ; vous ne l’avez donc pas rencontré ?

Pater-Noster répondit qu’il ne l’avait pas rencontré, et qu’il allait demander à Dieu sa recouvrance avec celle des trois autres enfants que cherchaient les trois autres mères.

Alors il entonna de toute la voix qui lui restait cette belle litanie qui semblait faite exprès pour la circonstance :

Agnus Dei, qui tollis peccata mundi,
Miserere nobis !

Paraska, les joues couvertes de poussière, essuyant comme elle pouvait la trace des pleurs qui filtraient à travers, se remit à courir au milieu de cette litanie qui l’enivrait et d’un tourbillon de projets qui lui battaient le front comme des ailes.

— Qu’est-ce que je donnerais donc bien à saint Christophe pour qu’il fasse revenir mon panitch ? se demandait-elle en se retournant de ci de là vers le saint colossal, sculpté en saillie dans l’angle du carrefour.

Les flots de bois découpés parmi lesquels il marchait plongé jusqu’aux genoux imitaient assez bien une rivière pour contenter la dévotion des femmes, tandis que le doux Christ porté sur les larges épaules du passeur de l’eau symbolisait pour elles tous les enfants en péril, au nom desquels montaient les prières de leurs parents.

Paraska, continuant à se demander ce qui pourrait toucher un si grand saint, délibéra de lui offrir son collier de corail à huit rangs, ce qu’elle avait de plus beau.

Puis elle craignit qu’il n’aimât pas le corail parce que c’était un vestige de vanité de femme, et cette pensée la fit rougir pour sa jeunesse. Mais quoi ! son doux panitch y avait tant de fois passé ses petites mains blanches du temps qu’elle l’allaitait, Seigneur ! et il en cassait les fils avec une telle joie, le bel ange !

— Il ne courait pas les champs dans ces jours ni dans ces nuits-là, saint Christophe, où je le tenais si bien contre moi ! Mon Dieu, faites-moi done inventer ce qu’aimerait saint Christophe pour sauver sur ses épaules mon panitch, comme il vous a sauvé, Seigneur !

À mesure qu’elle approchait, une idée se levait dans son cœur, et c’était comme une petite lumière au milieu de ce cœur haletant.

L’idée disait qu’elle allait peut-être retrouver au logis son jeune maître, tranquillement assis sous les grands sureaux parmi lesquels filtrait une source, et qu’il lui crierait tout à l’heure : « C’est moi, Paraska, viens ! »

« Comme je vais lui en donner du : C’est moi, Paraska, viens ! pensa-t-elle en agitant en l’air sa main avec courroux, tandis qu’il y avait sur ses lèvres le rire convulsif de la joie mêlée aux pleurs. Ah ! ce n’est pas moi qui lui pardonnerai jamais. Sa mère, je ne dis pas ; elle est si faible dans son adoration, à cause qu’il est blond comme Jésus, et qu’elle est sa mère enfin ; moi je ne suis que sa nourrice, rien que sa nourrice, une pauvre servante ; … mais quoi ! la vache noire donne aussi du lait blanc. Il va voir, il va voir ! »

Et ses yeux brûlaient du grand amour que les femmes donnent avec leur lait, avec leurs soins, à l’enfant qui devient leur roi quand elles ont veillé, souffert et vieilli alentour de sa jeune existence.

II

LA MAISON MATERNELLE

Léonard n’était pas sous les grands sureaux, et la main irritée de Paraska s’abaissa toute molle et découragée. Ses lèvres sèches ne s’ouvrirent pas pour raconter que personne, ni les gens, ni les moutons, ni les chevaux, ni les maisons questionnées sur son passage, n’avaient pu lui donner aucun renseignement sur Léonard. Sa figure entière ne montra plus ni espoir, ni courroux, ni animation ; elle parut comme couverte de cendre, et, s’asseyant exténuée de chaleur et d’abattement, elle ne put répondre aux regards ardents de la mère qui l’interrogeait rien que cette seule parole qui disait tout :

— Me voilà !

La mère aussi avait dit en rentrant : « Me voilà ! sans lui ! sans rien ! » après avoir erré à travers mille passages connus et inconnus, où sa journée s’était écoulée dans le triste et tendre rêve de la fièvre des mères. On dit que c’est la reine des fièvres. Panda

Pour lors, cette mère regardait le soleil rouge qui descendait au milieu des vapeurs de l’horizon ; elle le regardait fixement comme pour le retenir au-dessus des montagnes et des hauts arbres lointains qu’il inondait de lumière. Ce départ, splendide et calme pour toute la nature, n’en disait pas moins adieu ; et pour la mère de l’enfant absent, c’était le désespoir si l’enfant ne rentrait pas avant la nuit.

Les autres femmes étaient revenues effarées comme elle, une par une, sans les fuyards échappés tous quatre ensemble de l’école, dont ils n’avaient touché le seuil au matin de la veille que comme point de ralliement pour leur audacieuse équipée, pour y prendre l’essor et la clef des champs. Ils s’étaient envolés à l’heure où toutes les maisons affairées dans les soins domestiques ne voyaient ni n’entendaient les événements de la rue, à moins qu’ils ne fussent bruyants comme le son de la trompette. Qui donc aura pu répondre plus tard à cette question des femmes, renouvelée cent fois, depuis l’heure où l’on dine par quatre familles qui ne dinaient pas « Avez-vous vu mon enfant ? N’auriez-vous pas vu passer nos enfants ? » Le repas avait été dans tous ces ménages à l’état de rêve. On s’était regardé sans pouvoir manger.

Vers le soir aussi, M. Rettel venait de rentrer en même temps que ses voisins, le front soucieux, les jambes lasses, et l'esprit labouré d'un tourment qu'il ne voulait avouer à personne. Dès le matin, par un accord tacite, les trois autres pères, travaillés d'une anxiété croissante, s'étaient dirigés avec lui vers les étangs profonds et les écluses bruyantes, puis le long de la rivière, plus dangereuse durant les grandes chaleurs qui en redoublent l'attraction funeste. Alors, évitant déjà de se regarder l'un l'autre, ils en avaient parcouru la surface avec des yeux pleins de terreur, tandis qu’au milieu de leur silencieuse recherche une barque poussée en tous sens courait çà et là sous leur terrible investigation. Quelle journée pour eux ! Quelle sueur de sang les eût exténués au même degré ? Quelle défaillance les eût ainsi courbés au retour, semblables à des hommes vieillis tout à coup ? Non, des ennemis n’eussent pas mieux fait que les quatre innocents dont la tête frivole emportait au loin les pieds rapides. Ils ne se doutaient pas, en voulant délivrer leurs pères, qu’ils broyaient ainsi toutes leurs âmes à la fois !

À cette heure, muet sur sa chaise, ayant humé sans goût et regardé sans voir la fumée de trois pipes consumées en pure perte, M. Rettel eut un pourparler grave avec sa femme Franciska, qui ne pouvait plus lui cacher son épouvante, et il lui dit ces paroles en forme de conseil :

— Écoutez-moi bien, Franciska. Ce n’est pas la première fois que j’ai remarqué dans Léonard une propension extraordinaire aux voyages ; il regarde toujours l’horizon, et jamais il ne consulte ses pieds pour y courir. Il faut assurément que Léonard soit un oiseau et qu’il ait oublié ses ailes quelque part. Voyez comme il s’en passe ! Eh bien ! si vous me croyez, sans châtiments, sans reproches, sans dureté, qui nous rendraient plus malheureux que lui, il faut le corriger, l’aider à se faire quelques racines qui l’attachent à la terre où nous sommes ; il faut qu’il ait peur de nous devenir étranger s’il s’absente ; qu’en dites-vous ? Mais c’est à force de caresses qu’il faut le punir.

— Je ne demande pas mieux, répondit Franciska sanglotante, et dont les bras s’ouvraient déjà pour le recevoir.

— Enfin, s’il revient, reprit le père, qui s’arrêta tout d’abord effrayé d’avoir osé dire : s’il revient… et que vous ne suiviez pas de point en point le conseil que la raison vous donne, je déclare que nous manquerons pour toujours l’occasion d’empêcher Léonard de jeter ainsi sa tête dans les nuages. Dieu nous envoie cette occasion plus triste et plus longue que toutes les autres, peut-être pour que vous ayez la force de la rendre profitable à notre enfant. Il ne faut donc point faire paraître que nous le reconnaissons quand il rentrera, voulez-vous ?

Madame Franciska parut atterrée. Ce ne fut qu’après un long moment de réflexions confuses qu’elle dit avec douceur :

— Ne craignez-vous pas que Léonard, quand il sera grand, ne se rappelle cette épreuve et ne s’en raille comme d’un jeu ?…

— Un jeu dit fermement le père ; il faudrait donc qu’il fût sans âme, et je n’en ai pas peur. Non plus il deviendra grand, plus il comprendra qu’il a fallu l’aimer infiniment pour nous faire surmonter la tentation du châtiment qu’il avait mérité ; car nous aurons mis la réprimande à la portée de sa force et de son intelligence ! Il n’a pas sept ans, le pauvre ! Plus tard il se rendra compte qu’une faute pareille rend un enfant méconnaissable aux yeux de sa famille ; et si cette famille désespérée n’a pas usé du droit de l’en punir autrement qu’en lui faisant accroire qu’il n’est pour lors devant ses yeux qu’un étranger, il pleurera de reconnaissance et de regret de l’avoir tant affligée. S’il ne sentait pas l’effort terrible qu’il nous coûte, il serait indigne de ce que nous souffrons pour lui… Vraiment nous souffrons beaucoup ! dit d’un cœur étouffé M. Rettel en secouant la cendre de sa pipe. Qu’on lui fasse l’accueil doux et les secours abondants, la leçon sans aigreur et sans violence ; mais qu’il s’étonne, vous comprenez, et qu’il s’efforce de se faire reconnaître par l’amour pour reconquérir la source un moment interrompue de cet amour que nous n’avons, il faut bien l’avouer, que pour l’enfant qui vient de nos entrailles ; ne le pensez-vous pas, ma femme ?

La femme pleurait et dit oui de la tête ; puis elle se leva toute droite et prête à son devoir.

Cette pauvre femme, qui n’envisageait dans la promesse de son obéissance que la probabilité de revoir Léonard, et de ressaisir ainsi sa propre vie, consentit à tout ce que l’autorité d’un père ordonnait. Ce fut presque avec joie qu’elle se soumit à recevoir son fils comme un étranger ; c’était le racheter à un si haut prix !

— Oui, répéta-t-elle, pleine de résolution et de courage, oui, je ferai ce que vous me dites ; je le commanderai à Paraska ; oui, je le jure !

Le père s’en alla donc étendre et poursuivre sa fiévreuse recherche.

Ainsi, parmi le grand nombre d’infortunés qui remplissaient déjà la Pologne éternellement chère au monde entier, il y avait, à cette heure du soir que l’on raconte, une dame toute seule, appuyée contre la fenêtre de sa maison déserte, l’oreille tendue, tantôt à droite, tantôt à gauche, attendant debout avec les transes de l’âme, la voix ou l’apparition d’un enfant qui ne se montrait ni ne répondait au nom de Léonard.

C’est alors, et après l’entretien du père, que Paraska retrouvait sa maîtresse les yeux rouges et enflammés comme le soleil dont elle épiait la fuite rayon par rayon, et c’est en voyant revenir la nourrice aussi épuisée, aussi incertaine encore, que madame Franciska s’assit devant elle en cachant son visage dans ses mains, où les couleurs du soleil et les larmes se confondirent longtemps.

Paraska ne trouva plus un mot dans tous ceux de sa connaissance pour interrompre le recueillement de sa maîtresse ; il était, à tant d’égards, conforme au sien !

— Sais-tu ce qui nous est ordonné par ton maître ? dit enfin la mère en relevant tout à coup la tête, et respirant de voir que le soleil n’était pas tout à fait disparu.

— Dites toujours, répondit Paraska, cherchant, comme sa maîtresse, un devoir, une colère, une lueur, autre chose que le mal poignant qui traversait leurs deux cœurs.

— Vois-tu, nourrice, quand Léonard rentrera…

Paraska tendit les oreilles comme si les pas mêmes de Léonard eussent déjà retenti derrière elle.

— Eh bien, quoi ? demanda-t-elle avidement.

— Quand il ya rentrer, continua la mère, s’enfonçant de plus dans la persuasion qui lui berçait l’âme, tout en se rapprochant de Paraska pour unir son courage au sien et s’envelopper de la même conviction ; Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/96 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/97 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/98 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/99 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/100 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/101 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/102 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/103 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/104 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/105 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/106 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/107 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/108 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/109 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/110 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/111 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/112 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/113 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/114 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/115 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/116 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/117 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/118 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/119 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/120 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/121 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/122 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/123 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/124 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/125 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/126 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/127 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/128 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/129 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/130 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/131 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/132 rayonnantes, allumées par la main d’un enfant, son enfant ! le faisait frissonner immobile sur sa chaise. Il se passe de grandes choses sous le front des hommes que l’on croit abattus par l’esclavage et courbés sous le sabre.

Paraska, comme ivre de sa parole, l’entrecoupait, elle-même, ne pouvant plus tranquilliser sa joie. Elle se levait pour rien ; elle allait et venait dix fois de la table où rien ne manquait, à l’armoire où rien ne restait, et elle en rapportait un verre, une tasse vide dont personne n’avait besoin. Mais, pour y prendre garde, l’esprit des maîtres était trop tendu vers l’avenir. Le chef de famille y dirigeait ses flèches, en songeant à Guillaume Tell, et toutes ses flèches portaient, toutes sifflaient victorieuses sur la tête de Léonard, son Léonard qui lui paraissait grand, grand !… et libre au bout de l’horizon.


VI

LE VIEUX PATER-NOSTER

Le lendemain de bonne heure, M. Rettel sortit pour une cause importante. Il courait féliciter ses voisins, les trois pères bouleversés comme lui la veille, et Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/134 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/135 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/136 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/137 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/138 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/139 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/140 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/141 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/142 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/143 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/144 Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/145

  1. Le fils du seigneur, ou du maître de la maison.