Coran Savary/016
La vengeance céleste s’approche. Ne la hâtez pas. Louange au Très-Haut ! Anathème contre les idoles !
A sa voix les anges descendront accompagnés de l’esprit[1]. Il inspirera à son gré ses serviteurs. Prêche l’unité de Dieu. Mortels, craignez-moi.
Il est le véritable créateur des cieux et de la terre. Anathème contre les fausses divinités !
Il a créé l’homme de boue, et il dispute avec opiniâtreté.
Il a formé les troupeaux qui servent à vous vêtir, à vous nourrir, et dont vous retirez plusieurs autres avantages.
Il vous est également glorieux de les ramener au bercail[2], ou de les conduire aux pâturages.
Ils portent vos fardeaux aux lieux où vous ne parviendriez qu’avec peine. Ton Dieu est clément et miséricordieux.
Il a tiré du néant les chevaux, les mulets et les ânes qui servent à vos commodités et à votre luxe, et beaucoup d’autres animaux que vous ne connaissez pas.
C’est à lui d’enseigner le vrai chemin dont tant d’hommes s’écartent. S’il eût voulu, il aurait éclairé toute la terre.
Il fait descendre la pluie du ciel. Elle sert à vous désaltérer. Elle sert à la croissance des arbres et des herbes qui nourrissent vos troupeaux.
Elle féconde les germes des plantes. Elle fait éclore l’olive, la datte, le raisin, et tous les autres fruits. Ne sont-ce pas là des signes pour ceux qui réfléchissent ?
Il a parlé, et à sa voix, la nuit, le jour, le soleil, la lune et les étoiles, se sont empressés de servir à vos besoins : prodige éclatant pour ceux qui comprennent !
Il a formé les diverses couleurs que la terre étale à vos yeux : signe manifeste pour ceux qui pensent !
Il a soumis la mer à votre usage. Les poissons qu’elle renferme dans son sein deviennent votre nourriture. Vous y pêchez des ornemens qui décorent vos habits. Vois le vaisseau fendre les flots, et le navigateur chercher l’abondance, et rends grâce au Très-Haut.
Il a posé de hautes montagnes sur la terre pour l’affermir ; il y a tracé le cours des fleuves, et des chemins pour vous conduire.
Il a placé au firmament les étoiles où l’homme lit la route qu’il doit suivre.
Le Créateur sera-t-il semblable à celui qui ne peut rien créer ? N’ouvrirez-vous point les yeux ?
Il vous serait impossible de nombrer ses bienfaits. Il est indulgent et miséricordieux.
Il sait ce que vous voilez, et ce que vous produisez au grand jour.
Les dieux chimériques qu’ils invoquent ne sauraient rien créer ; ils ont été créés eux-mêmes.
Ils sont dépourvus de vie et de sentiment.
Ils ignorent le temps où ils ont été fabriqués.
Votre Dieu est le Dieu unique. Ceux qui ne croient point à la vie future ont l’impiété dans le cœur et repoussent orgueilleusement la vérité.
Certainement il connaît leurs pensées secrètes et celles qu’ils dévoilent.
Il n’aime pas les superbes.
Demande-leur : Quel est le livre descendu du ciel ? Ils répondent : Un tissu de fables de l’antiquité.
Ils porteront au jour du jugement le poids entier de leurs crimes, et une partie de celui des aveugles qu’ils ont égarés. Malheureux fardeau !
Leurs prédécesseurs étaient fourbes comme eux. Dieu sapa dès le fondement leur édifice[3]. Le toit se renversa sur eux, et le châtiment les surprit du côté qu’ils ne prévoyaient pas.
Le Seigneur les couvrira de honte au jour de la résurrection, quand il leur demandera : Où sont les dieux qui étaient l’objet de vos disputes ? Ceux qui ont reçu la science s’écrieront : L’opprobre et le malheur vont assaillir les idolâtres.
Lorsque l’ange de la mort frappe les impies, ils demandent grâce, et s’écrient : Nous n’avons point fait de mal. Vous êtes coupables, leur dit l’ange et Dieu connaît vos attentats.
Descendez dans l’enfer. Habitez éternellement la demeure affreuse des superbes.
Quelles faveurs avez-vous reçues de Dieu, demandera-t-on aux justes ? Il nous a comblés de biens sur la terre, répondront-ils ; mais la vie éternelle offre bien d’autres jouissances. Bonheur au séjour des hommes vertueux !
Introduits dans les jardins d’Eden, arrosés par des fleuves, ils auront à souhait tout ce que le cœur peut désirer. C’est ainsi que Dieu récompense la piété.
Les anges diront aux justes, après avoir tranché le fil de leurs jours : La paix soit avec vous. Entrez dans le paradis, digne prix de vos œuvres.
L’infidèle attend-il que l’ange de la mort s’approche ? Attend-il que l’arrêt du ciel soit prononcé ? Tels furent leurs prédécesseurs. Dieu ne les trompa point. Ils se trompèrent eux-mêmes.
Ils ont reçu la peine de leurs crimes. La vengeance dont ils se moquaient les a surpris.
Si Dieu eût voulu, disent les idolâtres, nous et nos pères, n’aurions adorés que lui ; nous n’aurions interdit que ce qu’il a défendu. Ainsi parlaient ceux qui les précédèrent. Nos ministres ne sont chargés que de prêcher la vérité.
Tous les peuples ont eu des prophètes qui leur ont recommandé le culte de Dieu, et défendu celui des idoles. Les uns ouvrirent les yeux à la lumière ; les autres par un jugement de Dieu restèrent dans l’aveuglement. Parcourez la terre, et voyez quelle fut la fin de ceux qui accusèrent nos apôtres d’imposture.
Si le zèle de leur salut t’enflamme, songe que Dieu n’est point le guide de ceux qu’il a égarés, et qu’ils n’auront point de protecteurs.
Ils ont juré par le nom du Très-Haut, le plus terrible des sermens, que Dieu ne ressusciterait point les morts. Insensés ! Peut-il manquer à ses promesses ? Mais la plupart sont dans l’ignorance.
Il les ressuscitera pour manifester les vérités dont ils disputaient, et pour que les infidèles voient qu’ils étaient menteurs.
Voulons-nous qu’une chose existe ? Nous disons : Sois ; et elle est.
Nous donnerons une habitation honorable sur la terre à ceux qui, injustement opprimés, se seront expatriés pour la défense de la foi. La récompense de l’autre vie sera bien plus magnifique. S’ils le savaient !
Nous récompenserons ceux qui supporteront l’adversité avec constance, et qui auront mis leur confiance dans le Seigneur.
Tous les prophètes qui t’ont précédé, n’étaient que des hommes à qui nous révélâmes nos volontés. Interrogez ceux qui ont reçu les Écritures, si vous l’ignorez.
Des signes et des livres furent les marques de leur mission. Nous t’avons envoyé le Coran pour rappeler aux hommes la doctrine qu’ils ont reçue, afin qu’ils en gardent le souvenir.
Ceux qui t’ont dressé des embûches croient-ils être en sûreté ? Dieu ne saurait-il ouvrir la terre sous leurs pas, et les abîmer à l’instant qu’ils s’y attendent le moins ?
Ne saurait-il les surprendre dans leurs voyages ? Suspendraient-ils un instant sa vengeance ?
Ne saurait-il les punir par la perte de leurs biens ? Certainement le Seigneur est indulgent et miséricordieux.
Ne voient-ils pas que tous les corps que Dieu a créés fléchissent leur ombre à droite et à gauche, pour l’adorer, et s’humilier devant lui ?
Tout ce qu’il y a de créatures au ciel et sur la terre, adorent le Seigneur. Les anges l’adorent et ne se livrent point à l’orgueil.
Ils craignent Dieu élevé au-dessus d’eux, et exécutent ses volontés.
N’adorez point deux dieux, dit le Seigneur ; je suis le Dieu unique ; craignez-moi.
Il est le souverain des cieux et de la terre. Un culte perpétuel lui est dû. Adorerez-vous un autre que lui ?
Tous les biens dont vous jouissez viennent de lui. Quand le malheur vous visite, c’est vers lui que vous élevez une voix suppliante.
A peine a-t-il soulagé votre misère, que la plupart d’entre vous portent leur encens aux autels des faux dieux.
Nos faveurs ne servent qu’à les rendre ingrats. Jouissez, pervers. Bientôt vous saurez.
Ils offrent, à des divinités inconnues, une partie des biens que nous leur avons dispensés. J’en atteste le Tout-Puissant, vous rendrez compte de vos mensonges.
Ils attribuent des filles au Très-Haut[4]. Loin de lui ce blasphème ! Eux-mêmes forment d’autres vœux.
Si quelqu’un d’eux apprend la naissance d’une fille, la tristesse élève un nuage sur son front.
Accablé de cette nouvelle, il se cache du peuple, incertain s’il n’outragera pas le messager, ou s’il ne l’ensevelira pas dans la poussière. Leurs jugemens ne sont-ils pas sacriléges ?
Ceux qui ne croient point à la vie future sont les méchans. Dieu est le Très-Haut, le Tout-Puissant, le Sage.
S’il surprenait l’homme dans son péché, il ne laisserait point de créatures sur la terre. Il diffère ses châtimens jusqu’au terme marqué que l’on ne saurait hâter ni retarder d’une heure.
Ils attribuent à Dieu ce qu’ils dédaignent. Ils disent que le Paradis sera leur récompense ; ils profèrent un mensonge. Ils seront précipités dans les flammes.
J’en jure par l’Éternel, nous envoyâmes avant toi des prophètes aux nations. Satan leur couvrait le vice de fleurs. Il était leur patron sur la terre ; mais les supplices ont été leur partage.
Nous t’avons envoyé le Coran pour éclaircir les dogmes contestés de la religion, pour conduire les fidèles et leur annoncer les grâces du Seigneur.
Dieu fait descendre la pluie des cieux, et la terre stérile devient féconde. N’est-ce pas là un signe pour ceux qui comprennent ?
Les animaux vous offrent des exemples propres à vous instruire : leur lait élaboré dans l’estomac, entre le chyle et le sang, devient pour vous une boisson salutaire.
Du fruit du dattier et de la vigne, ne formez-vous pas une liqueur enivrante, ou un aliment sain ? Ce sont des signes pour ceux qui entendent.
Dieu a inspiré à l’abeille de se construire une maison sur les montagnes, dans les arbres, et d’habiter celle que l’homme lui bâtit ;
De se nourrir de tous les fruits, et d’errer à son gré. L’abeille tire de son sein une substance liquide, diversement colorée, et salutaire aux hommes : signe frappant pour ceux qui réfléchissent.
Dieu vous a donné la vie. Il vous l’ôtera. Il en est parmi vous qui parviendront à la décrépitude, et oublieront tout ce qu’ils avaient appris. Dieu est savant et puissant.
Il a dispensé ses dons inégalement. Ceux qu’il a comblés de richesses les partagent-ils avec leurs esclaves de manière à les rendre leurs égaux ? Nieront-ils les bienfaits du Seigneur ?
Il vous a donné des femmes formées de votre sang ; d’elles il vous a fait naître des enfans et une postérité ; sa bonté vous a nourris d’alimens purs. Croirez-vous aux idoles ? N’aurez-vous que de l’ingratitude pour ses bienfaits ?
Ils adorent des divinités dépourvues de puissance, qui ne peuvent leur ouvrir les trésors du ciel, ni ceux de la terre.
Ne donnez point d’égal à Dieu. Il sait, et vous ne savez pas.
Il vous offre l’exemple d’un esclave qui n’a aucun pouvoir, et d’un homme libre comblé de nos biens, et qui les distribue en secret et en public : ces deux hommes sont-ils égaux ? Louange au Très Haut ! La plupart sont dans l’ignorance.
Il propose la parabole de deux hommes, dont l’un muet de naissance, incapable de tout, est à charge à son maître, et ne réussit à rien, et dont l’autre commande le bien, et marche dans les voies de la justice : ces deux hommes se ressemblent-ils ?
Dieu connaît les secrets du ciel et de la terre. Le jugement universel ne durera qu’un clin d’œil, ou sera plus prompt encore parce que rien ne limite sa puissance.
Dieu vous a tirés du sein de vos mères, dépourvus de connaissances. Il vous a donné l’ouïe, la vue, et un cœur pour lui rendre grâce.
Ne voient-ils pas l’oiseau fendre les airs ? Dieu seul peut l’arrêter dans son vol. C’est un signe pour ceux qui ont la foi.
Dieu vous a donné des maisons pour habiter, et les peaux des animaux pour former des tentes faciles à porter en voyage, et à dresser lorsque vous vous arrêtez. La laine de vos troupeaux, leur poil et leur crin, servent à votre utilité et à votre parure.
Il a formé pour vous les ombrages et les antres des rochers. Il vous a donné des vêtemens pour vous mettre à l’abri[5] de la chaleur, d’autres pour vous couvrir dans les combats ; c’est ainsi qu’il accomplit ses grâces sur vous afin que vous embrassiez l’islamisme.
S’ils s’éloignent de toi, ton ministère se borne à la prédication.
Ils nient les dons du ciel qu’ils connaissent ; la plupart sont infidèles.
Un jour nous susciterons un témoin pour accuser chaque peuple. Les incrédules ne seront point écoutés, et il n’y aura plus de pardon pour eux.
Ils verront les tourmens qui leur sont préparés, sans pouvoir les adoucir, ni les différer d’un instant.
L’idolâtre, à la vue des objets de son culte, dira : Seigneur, voilà les dieux que j’ai invoqués. Tu es un vil menteur, lui répondront-ils.
Il demandera pardon à Dieu, et ses divinités se déroberont à ses regards.
L’infidèle qui aura détourné ses semblables de la voie du salut subira des peines plus rigoureuses, parce qu’il aura été corrupteur.
Dans ce jour, nous ferons lever du milieu de chaque nation un prophète, pour témoigner contre elle. Tu témoigneras contre les Arabes. Nous t’avons envoyé le livre qui instruit sur tous les devoirs, qui est la lumière, la grâce, et le bonheur des musulmans.
Dieu commande la justice, la bienfaisance et la libéralité envers les parens. Il défend le crime, l’injustice et la calomnie. Il vous exhorte afin que vous réfléchissiez.
Accomplissez le pacte formé à la face du ciel. Ne violez pas vos sermens, parce que vous avez pris Dieu pour garant de leur sainteté, et il sait ce que vous faites.
Ne ressemblez pas à celle qui rompt son fil après qu’il est retors ; ne faites pas présider la fraude à vos engagemens, parce qu’une partie des contractans est plus puissante que l’autre. Dieu vous tentera dans ce point, et vous montrera, au jour de la résurrection, ce qui fit l’objet de vos débats.
Dieu pouvait donner la même religion à tous les hommes ; mais il dirige ou égare ceux qu’il lui plaît. Vous lui rendrez compte de vos actions.
Évitez le parjure, de peur que le pied qui était bien affermi ne glisse, que le malheur ne s’attache à vos pas pour avoir écarté les hommes du chemin du salut, et que vous ne deveniez la proie des tourmens.
Ne vendez pas la religion pour un vil intérêt. Un prix infini vous attend dans les mains de Dieu. Si vous saviez !
Vos jouissances sont passagères ; celles que Dieu vous promet sont permanentes. Ceux qui auront souffert avec patience, recevront une récompense proportionnée au bien qu’ils auront fait.
Quiconque aura exercé la bienfaisance et professé la foi, jouira d’une vie semée de plaisirs et du prix de ses bonnes œuvres.
Lorsque tu lis le Coran, prie le Seigneur qu’il te délivre des embûches de Satan foudroyé.
Il n’a point de pouvoir sur le croyant qui met sa confiance en Dieu.
Sa puissance se borne à ceux qui le prennent pour patron, et qui l’égalent au Très-Haut.
Si nous changeons un verset du Coran, les infidèles t’accuseront de ce changement ; mais Dieu sait ce qu’il envoie, et la plupart sont dans l’ignorance.
Dis : L’esprit de sainteté[6] l’a apporté du ciel avec vérité, pour affermir les croyans, pour leur montrer la lumière et les promesses du Seigneur.
Je connais leurs discours : un homme, disent-ils, dicte le Coran à Mahomet[7]. Celui qu’ils soupçonnent parle une langue étrangère, et l’arabe du Coran est pur et élégant.
Ceux qui rejettent les préceptes du Seigneur ne l’auront point pour guide. Ils seront la proie des supplices.
Ceux qui nient l’islamisme, ajoutent le blasphème au mensonge.
Les croyans qui deviendront apostats, seront dévoués au courroux et à la vengeance du ciel, à moins qu’ils n’aient cédé à la violence, et que leur cœur ne soit sincèrement attaché à la foi.
Ils ont préféré la vie mondaine à la vie future. Dieu ne conduit point les infidèles.
Il a scellé leurs cœurs, leurs oreilles et leurs yeux. Ils sont ensevelis dans le sommeil de l’insouciance. Leur réprobation est certaine.
Ceux que la tyrannie a fait fuir, et qui ensuite ont combattu et supporté l’infortune avec constance, éprouveront la miséricorde divine.
Un jour chacun plaidera sa cause, et recevra le prix de ses œuvres. Personne ne sera traité injustement.
Dieu propose l’exemple d’une ville qui reposait dans une profonde sécurité. L’affluence des biens lui venait de toutes parts. Elle fut ingrate envers le Seigneur, et il la revêtit du manteau de la famine et de la crainte, à cause de son infidélité.
Un prophète de leur nation s’est levé du milieu d’eux. Ils l’ont accusé d’imposture ; mais le châtiment les a surpris dans leur iniquité.
Nourrissez-vous des alimens permis que Dieu vous a donnés, et soyez reconnaissans de ses bienfaits, si vous êtes ses serviteurs.
Il vous a interdit les animaux morts, ceux qui ont été immolés devant les idoles, le sang et la chair du porc ; mais celui qui sans convoitise aurait cédé à la nécessité, éprouvera combien le Seigneur est indulgent et miséricordieux.
Gardez-vous de proférer un mensonge, en disant : Cela est permis, cela est défendu. Les menteurs ne prospéreront point.
Après de courtes jouissances, ils seront livrés à des peines éternelles.
Nous avons interdit aux juifs ce que nous t’avons déjà révélé. Nous ne les avons point traités injustement. Ils ont été injustes envers eux-mêmes.
Ceux qui, après avoir tombé par ignorance, se convertiront et pratiqueront la vertu, éprouveront la miséricorde divine.
Abraham est le chef des croyans. Il fut soumis à Dieu. Il adora son unité, et refusa de l’encens aux idoles.
Reconnaissant des grâces du ciel, il fut l’élu du Seigneur, qui le conduisit dans la voie du salut.
Comblé sur la terre des faveurs célestes, il sera dans l’autre monde, au nombre des justes.
Nous t’avons inspiré d’embrasser la religion d’Abraham, qui reconnut l’unité de Dieu, et qui n’adora que sa majesté suprême.
Le Seigneur établit le sabbat parmi les juifs qui disputaient à ce sujet. Il jugera leurs différents au jour de la résurrection.
Emploie la voix de la sagesse et la force de la persuasion pour appeler les hommes à Dieu. Combats-les avec le charme de l’éloquence. Dieux connaît parfaitement ceux qui sont dans l’égarement, et ceux qui marchent au flambeau de la foi.
Si vous vous vengez, que la vengeance ne passe pas l’offense. Ceux qui souffriront avec patience feront une action plus méritoire.
Sois constant ; Dieu aidera ta constance. Ne pleure point sur leur sort. Ne t’alarme point des piéges qu’ils te tendent. Dieu est avec ceux qui le craignent et qui sont bienfaisans.
- ↑ C’est-à-dire Gabriel.
- ↑ Les Arabes sont, de tous les peuples de la terre, ceux qui ont le plus conservé les mœurs antiques. La vie pastorale est encore honorée parmi eux. Les princes ne dédaignent pas de conduire leurs troupeaux. Leurs filles vont encore puiser de l’eau à la fontaine.
- ↑ Gelaleddin pense que Mahomet parle dans ce verset de la tour de Babel. Nemrod, dit-il, bâtit une tour fort élevée. Il voulait monter dans les cieux et faire la guerre contre ses habitans. Dieu sapa dès le fondement son édifice. Il envoya un violent tremblement de terre, et la tour fut renversée.
- ↑ Les Arabes idolâtres croyaient que les anges étaient les filles de Dieu. Gelaleddin.
- ↑ Gelaleddin pense qu’au lieu de ces mots elhar, de la chaleur, on doit entendre elbard, du froid. Maracci, suivant sa manière honnête d’expliquer les difficultés, s’écrie : Nimis stolidum facit prophetam suum, qui caloris nomine frigus intelligat. C’est toute son explication, p. 400, réfutation du chapitre XVI. Nous osons croire que Gelaleddin s’est trompé, et que sous la zone torride, les vêtemens sont aussi nécessaires à la conservation de l’homme exposé à l’action d’un soleil brûlant, qu’ils le sont sous la zone glaciale à celle du sauvage enfoncé dans la neige ; du moins l’expérience dépose-t-elle en faveur de ce sentiment. Les Arabes sont toujours couverts de longs manteaux de laine qui arrêtent l’activité des rayons du soleil, et qui les empêchent de brûler au milieu des torrens de feux que réfléchit de toutes parts le réverbère des sables embrasés.
- ↑ L’esprit de sainteté : c’est ainsi que Mahomet nomme l’archange Gabriel.
- ↑ Les auteurs ne s’accordent point sur celui qu’on soupçonnait d’instruire Mahomet. Gelaleddin pense que c’était Caïn, chrétien que le prophète visitait de temps en temps. Jahia croit que c’était un esclave chrétien qui était libraire. Zamchascar dit que c’était un jeune homme nommé Aïch, qui travaillait dans la librairie, et qui était fervent musulman. D’autres prétendent que deux esclaves nommés Haber et Infer, armuriers à la Mecque, l’instruisaient. En effet, lorsque Mahomet passait devant leur maison, il entrait chez eux, et ils lui lisaient le Pentateuque et l’Évangile. Plusieurs croient que ces paroles, une langue étrangère, désignent Salman, Persan, dans lequel il avait beaucoup de confiance.
Cette variété d’opinions peut nous conduire à la vérité. Mahomet voulant faire passer son livre pour divin, commença par protester qu’il ne savait ni lire ni écrire. Il feignit que la doctrine qu’il prêchait lui était révélée par Gabriel. Pour jouer ce rôle avec succès, il lui fallait des connaissances qu’un génie élevé ne peut pas donner seul. Il s’était instruit dans ses voyages. La retraite qu’il faisait chaque année dans une caverne du mont Tour, lui servait à lier ensemble les différentes parties de son système religieux ; mais il lui fallait connaître la religion chrétienne, la juive, et la tradition de son pays. Il ne pouvait puiser ces connaissances que dans les livres et dans le commerce des hommes. Aussi fréquentait-il les chrétiens, les juifs, les Persans ; aussi se faisait-il lire leurs livres sacrés. C’est pour cela qu’on lui reprochait d’être instruit par des hommes et non par des anges. Ainsi, les différentes opinions des commentateurs peuvent se concilier. Chacun des hommes cités aura contribue à instruire Mahomet. Il a ensuite combiné son système de religion, et composé le Coran.