Correspondance (Diderot)/48

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XLVIII


À LUNEAU DE BOISJERMAIN.
1770.

Je suis tout aussi embarrassé que vous, monsieur, pour avoir les Dialogues sur les grains[1] ; la distribution en est empêchée, sans qu’on puisse deviner pourquoi. J’ai fait ce que j’ai pu pour en pourvoir mes amis, sans y réussir. J’avais un exemplaire de présent, et cet exemplaire court la ville et les champs. Voyez Merlin, c’est lui qui a le livre. J’ai une bien autre grâce à vous demander que vous ne me refuserez certainement pas : c’est de ne point faire mention dans vos Mémoires des sept derniers volumes de l’Encyclopédie charpentés. Le fait ne peut être su que par moi. Il est étranger à votre affaire. Je pense encore avoir des démêlés d’intérêts avec les associés. Cela pourrait les irriter et m’embarrasser. Ainsi j’attends de vous cette marque d’estime que je saurai bien vous rendre dans l’occasion. Si c’était un fait qui pût servir au fond de votre procès, je me garderais bien de vous en demander la suppression. Cette demande serait injuste. Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur. Si je puis me procurer les Dialogues, si mon exemplaire me revient, vous l’aurez sur-le-champ. Vale iterum et litiga fortiter.



  1. Dialogue sur le commerce des blés (par Galiani). Londres (Paris, Merlin), 1770, in-8.