Correspondance 1812-1876, 6/1871/DCCCIX
DCCCIX
À MADAME MARTINE, À PARIS
J’ai reçu vos deux lettres, chère Martine, et je vous en remercie beaucoup. J’étais très inquiète de vous, des incendies du quartier et de tant de malheurs qu’on nous avait encore exagérés. Grâce à Dieu, le Luxembourg, l’odéon et le Panthéon ne sont pas brûlés, et, grâce à vous, mon petit mobilier est intact. Espérons que c’est fini à présent et que, de longtemps, nous ne reverrons pareille chose. Si vous pouvez, peu à peu, me donner des nouvelles de certaines personnes qui sont peut-être restées à Paris, vous me ferez plaisir : la famille Buloz, la famille Magny, M. Arrault[1], la famille Rafin[2] ; je crains beaucoup pour cette dernière : les journaux disent que leur maison est détruite. Enfin, parlez-moi de ceux que vous rencontrerez ou de ceux chez qui vous pourrez aller sans danger quand on ne se battra plus du tout ; car vos lettres sont les seules, avec une lettre de madame Plessy, que j’aie reçues de Paris. Plauchut est en Espagne ; nous l’attendons bientôt ici, et ensuite il retournera à Paris. Si vous avez un besoin, pressant d’argent, écrivez-le-moi ; car je ne crois pas que ni M. Boutet ni Aucante soient à Paris, et j’en chargerais Plauchut, qui y sera dans huit ou dix jours.
Mes enfants vous remercient et vous envoient, ainsi que moi, leurs amitiés.