Correspondance 1812-1876, 4/1860/CDLVIII

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CDLVIII

À M. CHARLES-EDMOND, À PARIS


Nohant, 26 mai 1860.


Cher ami,

Je vous remercie de la promesse que vous voulez bien me faire et qui endort provisoirement les soucis de mon pauvre ami aveugle[1]. Tâchez de songer à lui et permettez-moi de vous le rappeler quand ce sera possible. Croyez donc bien que, de mon côté, je ferai tout mon possible pour récompenser votre vertu, et même votre sournoiserie, qui me paraît une amabilité de plus.

J’espère que Maurice va bientôt venir me raconter vos découvertes chimico-culinaires, et que, plus tard, vous me raconterez que vous avez tiré, de votre fournaise du Théâtre-Français, un fort bon mets pour le public. Calmez les impatiences inévitables du métier d’auteur assistant aux répétitions. Cela est terrible, je le sais, surtout à ce théâtre, où chacun en prend à son aise ; mais, en somme, dites-vous que vous êtes dans l’âge où ces agitations font vivre.

Moi, je suis dans celui où l’on prise davantage la tranquillité ; mais je ne vous souhaite pas d’avoir la philosophie trop précoce. Les paysans d’ici disent : « On a bien le temps d’être vieux ! »

Bonsoir et merci, et tout à vous de cœur.

G. SAND.
  1. Charles Duvernet.