Correspondance 1812-1876, 5/1868/DCLXXIX

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DCLXXIX

À MAURICE SAND, À NOHANT


Paris, septembre 1868.


On te demande vite quelques costumes militaires de 1793-1794, pittoresques et sans grande recherche d’exactitude, mais dans la couleur. Il s’agit d’habiller le gros Deshayes (Jean Bonnin[1]). Il représente notre ancien capitaine Martin, capitaine de Mayençais au commencement et pauvre comme Job, arrivant de Mayence, avec Motus, non moins délabré.

Mélingue se charge de Motus et de lui, Cadio. Mais Deshayes ne sait rien trouver. Il faudrait lui adapter une sorte de Raffet de fantaisie, qui ne dessinât ni ses jambes ni son corps.

À la seconde apparition dans la pièce, en 1795, il est colonel, non plus de Mayençais qui n’existent plus, mais d’un régiment de cavalerie quelconque que l’on ne désigne pas, et que tu choisiras à ton idée ; pas de cuirasse si c’est possible, et pas de casque. Il ne saurait pas porter ça. Vois ce que tu peux nous donner. Si on le laisse s’habiller, il sera peut-être absurde ; tire-nous d’embarras.

Dans ce théâtre, qui se recrée pour ainsi dire, il n’y a pas d’artiste attitré et capable, pour ces costumes qui, en somme, seront de fantaisie, vu la pénurie de l’époque, mais qui doivent rentrer dans la couleur vraie. Envoie vite. Je vas bien. Je travaille sans débrider.

Je bige tout mon cher monde et ma Lolo. Je trouve le temps de corriger les épreuves, trouve celui de m’envoyer deux ou trois croquis.

  1. Rôle créé par lui dans François le Champi.