Correspondance 1812-1876, 5/1870/DCCXXII
DCCXXII
À MADAME SIMONNET, À LA CHÂTRE
J’apprends par René[1] que le douloureux événement prévu n’a pu être détourné[2]. Je joins mes regrets sincères aux vôtres, je garderai toute ma vie à cette digne femme un sentiment de profonde estime. Elle n’avait pas de petitesses ; son caractère était à la hauteur de son intelligence ; j’ai pu l’apprécier durant des années où nous avons vécu sous le même toit et où bien des choses autour de nous tendaient à nous désunir. Je l’ai toujours trouvée forte et vraie, fidèle en amitié et jugeant tout de très haut. La durée d’une existence si fragile était un problème ; elle a vécu par la force morale.
Je partage le déchirement de cette séparation pour toi et pour tes chers enfants. Ils sont bien bons, bien intelligents ; ils t’aiment tendrement et religieusement ; ils t’aideront à subir cette inévitable perte. Dis-leur que je les aime aussi comme s’ils étaient à moi, et que je leur recommande bien de te distraire et de te consoler.
Je vous embrasse tous quatre bien affectueusement et maternellement.