Correspondance 1812-1876, 6/1872/DCCCLXXV
DCCCLXXV
À M. CHARLES-EDMOND, À PARIS
Pourquoi ne m’écrivez-vous plus ? Que se passe-t-il ? On m’écrit de tous côtés toute sorte de choses à propos de ma pièce : la Censure aurait coupé tout un acte ; Duquesnel ne voudrait plus la jouer ; le ministère lui conseillerait d’attendre que la subvention fût votée. Mais, si tout cela était vrai, pourquoi ne me le diriez-vous pas ?
Je désire fort que l’Odéon garde sa subvention, et je consentirais très bien à un retard, pour n’y pas mettre obstacle. Quant à la Censure, je ne lui céderais pas, et la question se trouverait encore plus simplifiée.
N’égarez pas mon dernier manuscrit ; car c’est la seule bonne version, et, si la pièce était défendue au théâtre, je la publierais sans autre réflexion. Ne me laissez pas ignorer la vérité ; avec moi, Duquesnel n’a besoin de rien cacher, puisque je comprends et accepte toutes les nécessités de sa situation.
Et puis je m’ennuie de ne pas avoir de vos nouvelles. Je me demande si vous êtes chagriné ou malade.
Lolo, quand elle voit une grande lettre, — car c’est elle qui m’apporte mon courrier le matin, — me dit : « Ça n’est pas de Charles-Edmond. Je connais son écriture ! »
On m’a écrit qu’on voulait reprendre Mauprat. Je ne le crois pas, puisque le ministère ne veut pas de reprises à prime. Duquesnel veut-il jouer la pièce de Ruzzante, que Maurice lui a lue ?
Ici, nous allons bien tous, et je travaille à force.