Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 2/0230
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230. À SA MÈRE.
Paris, lundi, 29 octobre [1849].
Tout est prêt, nous partons. Il fait beau temps ; je suis plutôt gai que triste, plutôt serein que sérieux. Le soleil brille, j’ai le cœur plein d’espoir.
Le dîner d’hier avec Gautier et Bouilhet a été charmant. Ce matin, en lui disant adieu, je n’ai pas été ému comme je le pensais. Ma sensibilité de départ a eu d’ailleurs le fond de son sac vide avec toi, pauvre chérie.
Adieu, chère vieille. Gautier a soutenu hier devant moi cette opinion qui est mienne « qu’il n’y avait que les bourgeois qui crevassent ». C’est-à-dire que, quand on a quelque chose dans le ventre, on ne meurt pas avant d’avoir accouché. Adieu, bon courage, je t’embrasse le plus étroitement possible. À toi.