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Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0527

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 4p. 174-175).

527. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, vendredi, 25 [24] avril 1857.

Je ne me suis pas trop bien conduit avec toi, mon pauvre bibi, en ne répondant pas à la gentille lettre que tu m’as écrite il y a déjà longtemps. Reçois mes excuses, j’ai été fort occupé.

Mais ce n’était pas une raison pour cesser la correspondance. Tu aurais bien pu m’écrire tout de même. Tu m’aurais dit si tu t’amusais bien, et tu m’aurais donné des nouvelles de ta bonne maman qui a été souffrante.

L’as-tu bien soignée ? As-tu été bien gentille pour elle ? Il faut que tu remplaces ta pauvre mère qui était si bonne, si intelligente et si belle. Fais tous tes efforts pour contenter ta bonne maman et lui faire oublier ses chagrins. L’année prochaine, tu feras ta première communion : c’est la fin de l’enfance. Tu vas devenir une jeune personne. Songes-y ! C’est le moment d’avoir toutes les vertus.

Le curé de Canteleu a-t-il trouvé que tu étais forte en catéchisme ?

Comment se porte ton lapin ?

Ton chapeau de paille a-t-il eu du succès ?

Écris-moi une lettre la semaine prochaine. Mon intention est toujours de revenir samedi, et dès le lundi suivant, nous reprendrons nos leçons ; j’espère que ta petite caboche est bien reposée, et que nous ferons de grands progrès ; il faut d’ailleurs que nous finissions l’histoire romaine cet été.

Adieu, mon pauvre chat, embrasse bien ta bonne maman pour moi et continue à aimer.

Ton Vieux.