Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0529

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Louis Conard (Volume 4p. 176).

529. À JULES DUPLAN.
[Début de mai 1857.]

Vous êtes le plus gentil bougre que je connaisse, mon cher Duplan ! Comme c’est aimable à vous de m’envoyer ainsi tout ce qui paraît sur mon compte ; continuez ! Vous me rendrez un vrai service, cela m’amuse beaucoup et je ne saurais ici me procurer toutes ces feuilles.

L’article de Sainte-Beuve[1] a été bien bon pour les bourgeois ; il a fait à Rouen (m’a-t-on dit) grand effet. Quant à celui de la Chronique, je le trouve innocent ; mais celui du Courrier franco-italien est foncièrement malveillant, ce dont je me f… complètement. Je ne comprends pas maintenant comment un article de journal peut vous choquer. C’est sans doute un excès d’orgueil de ma part, mais je vous assure que je ne me sens contre le sieur Claveau aucune haine. Le malheureux, qui croit que je ne m’occupe nullement du style !

Je suis perdu dans les bouquins et je m’embête, car je n’y trouve pas grand’chose. J’ai déjà, depuis une semaine, abattu pas mal de besogne, mais il y a des fois où ce sujet de Carthage m’effraie tellement (par son vuide) que je suis sur le point d’y renoncer.


  1. Voir Causeries du lundi, XIII, p. 346.