Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0531

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Louis Conard (Volume 4p. 177-178).

531. À JULES DUPLAN.
[10 ou 11 mai 1857.]

Merci, mon cher vieux, je me procurerai à Rouen l’Illustration[1] et la Revue des Deux Mondes[2].

J’ai reçu un numéro ce matin du Journal du Loiret où il y a un article de Cormenin très bienveillant. Mais vous l’avouerai-je, je n’en ai pas encore trouvé un qui me gratte à l’endroit sensible, c’est-à-dire qui me loue par les côtés que je trouve louables et qui me blâme par ceux que je sais défectueux. Peu importe du reste, la Bovary est maintenant bien loin de moi. Ma table est tellement encombrée de livres que je m’y perds. Je les expédie rapidement et sans y trouver grand’chose. Je tiens cependant à Carthage, et coûte que coûte, j’écrirai cette truculente facétie. Je voudrais bien commencer dans un mois ou deux. Mais il faut auparavant que je me livre par l’induction à un travail archéologique formidable. Je suis en train de lire un mémoire de 400 pages in-4o sur le cyprès pyramidal, parce qu’il y avait des cyprès dans la cour du temple d’Astarté ; cela peut vous donner une idée du reste. Voilà la pluie qui se met a tomber. Je suis seul au fond du désert et je pense avec une certaine mélancolie à nos dimanches de cet hiver.


  1. Illustration du 9 mai 1857. « Chronique littéraire », par Edmond Texier.
  2. Revue des Deux Mondes du 1er mai 1857. Chronique de la quinzaine, par Charles de Mazade.