Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 4/0661
Tu vas donc revoir ce vieil Odéon-Taïeb ! Tu ne m’as pas dit si tu es à peu près satisfait de ton amoureux[1] ? Le connais-je ? J’attends quelques détails sur le train dont ça marche.
Ça ne va pas trop mal pour le quart d’heure. Mais je me livre dans le silence du cabinet à de si fortes gueulades et à une telle pantomime, que j’en arriverai à ressembler à Dubartas, qui, pour faire la description d’un cheval, se mettait à quatre pattes, galopait, hennissait et ruait. Ce devait être beau ! Et pour arriver à quels vers, miséricorde !
Je me réjouis tous les matins dans la politique. L’encyclique du pape est bien belle, accusant Victor-Emmanuel d’établir « des maisons de débauche ». Puis, récriminations contre les livres et les pièces de théâtre qui « sapent », etc. Quel bon style poncif que le style ecclésiastique ! Ce serait, du reste, une étude à faire que celle des styles professionnels ! Quelque chose qui serait dans la littérature, analogue à l’étude des physionomies en histoire naturelle.
Tu feras bien d’aller voir le jeune Duplan, qui t’aime beaucoup, et la présidente. Mais ma plus forte recommandation est « d’être chien » aux répétitions. Sois digne, maintenant que tu as la croix ! Sais-tu vers quelle époque la première ? J’imagine que ça ne peut être avant le 10 novembre.
Ces points indiquent toutes les misères dont mes mémoires seraient remplis, si j’écrivais mes mémoires.
Mes compliments à ton professeur de Mantes qui aime les Fossiles. C’est un homme de goût, c’est-à-dire qui a mon goût. Oui ! Je persiste ! Les Fossiles sont, ou est, un chef-d’œuvre. On le reconnaîtra quelque jour.
Allons, travaille bien à tes répétitions ! Ne néglige rien ! Les centimes font les millions et les atomes sont respectables.