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Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0716

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 5p. 17-18).

716. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Paris, début de mai 1862].

À lire tout haut, la main gauche sur le cœur et la main droite levée en l’air, pour punir la jeune personne :

Mon Bibi,

Je te renvoie une lettre adressée à Jane. Sans doute que tu lui en as envoyé une qui m’était destinée. « Nous sommes bien légers ! bien légers ! »

Pour réparer ton étourderie, tu devrais m’envoyer une longue lettre, me donnant des nouvelles de ta maman, de ta personne et de Croisset.

Je deviens décidément scheik et bedolle. Croirais-tu que je m’ennuie de la campagne et que j’ai envie de voir de la verdure et des fleurs ? J’en rougis de honte. Voilà la première fois de ma vie que ce sentiment épicier surgit de mon âme.

Il m’est impossible de continuer mes corrections de Salammbô. Le cœur me saute de dégoût à la vue de mon écriture. J’attends Monseigneur avec impatience. Il sera ici avant huit jours. Je lui écris d’avancer son voyage, si cela se peut.

Duplan m’a payé hier à dîner et m’a ensuite régalé du spectacle. Je dîne demain chez Mme Cornu.

Je vais me mettre à te faire du programme.

Adieu, ma chère petite Caro. Embrasse ta bonne maman pour moi et soigne-la bien.

Ton vieil oncle.