Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0879

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Louis Conard (Volume 5p. 251-252).

879. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
[Croisset] nuit de mercredi [novembre 1866].
Ma chère amie,

Si je ne vous avais pas remerciée encore de votre Femme bien élevée, c’est que j’ai voulu la relire. Eh bien, savez-vous mon opinion très sincère ? Ça m’a paru meilleur que la première fois.

Il aurait fallu très peu pour faire de ce livre un chef-d’œuvre. Les longues scènes manquent, voilà tout.

Quant aux caractères, je vous assure qu’ils sont excellents. C’est étudié et bien fait. Bref, j’ai été très content.

Faites donc une large distribution d’exemplaires, tâchez qu’on vous lise, et on vous applaudira.

Quant à moi, j’aurais tant de choses à vous dire sur mon travail que je ne vous en dirai rien. Je ne suis pas pour le moment dans une veine heureuse, je barbote et me ronge.

Il est d’ailleurs quatre heures du matin, je suis éreinté. Il me reste cependant assez de forces pour vous embrasser. (Je crois même que cette idée-là m’en redonne).

Adieu donc. Bon courage et bonne humeur surtout, c’est l’essentiel.

À vous.

Parlez-moi un peu de ce que vous faites. Nous ne vous verrons pas avant la fin de février.