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Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1118

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 6p. 141-142).

1118. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mercredi, 6 heures soir [17 août 1870].

Rien de nouveau, d’aucun côté, mon pauvre loulou.

Pas de nouvelles de la guerre ! J’ai peur qu’elles ne soient mauvaises ! Ta cousine Juliette est venue ce matin déjeuner à Croisset. Elle a appris par Gustave Roquigny qu’Ernest a une commande du Gouvernement. Je suis content de cela. Il va pouvoir faire travailler ses ouvriers, et, sous le rapport du crédit, c’est bon. Tu serais bien gentille de venir passer avec nous la journée de dimanche.

J’ai été hier au chemin de fer pour avoir des nouvelles. Là, j’ai vu Mme M***, qui venait au-devant de son inéluctable gendre. Le beau F*** était avec elle, et faisait de petites plaisanteries.

Renard, le chef de gare, indigné contre son cousin Cord’homme, l’a menacé de « le f… sous un train ».

« Et je suis capable de le faire, monsieur, tant j’ai les nerfs agacés. »

Ah ! nous sommes tous dans un bel état !

Ta bonne maman va bien, et s’ennuie de toi énormément.

Adieu, pauvre chérie. Je t’embrasse bien fort.