Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1153

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Louis Conard (Volume 6p. 205-206).

1153. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset] Jeudi, 4 heures soir [16 mars 1871].
Ma chère Caro,

Au lieu de partir ce matin, je ne pars que ce soir, Dumas n’étant arrivé qu’à midi. Et au lieu de nous en aller par Amiens, nous allons coucher à Paris, d’où nous repartirons à 9 heures du matin demain. La ligne de Rouen à Amiens est occupée par les Prussiens, encombrée de leurs troupes, et nous n’arriverions à Bruxelles qu’après-demain soir… peut-être ?

Ils se conduisent abominablement à Rouen, et je ne vous engage pas à y faire un long séjour, ni surtout à vous promener le soir dans les rues.

Émile a reçu ce matin ta lettre. Écrivez-moi à Bruxelles, à l’hôtel Bellevue, ou chez M. Giraud, rue d’Arlon, 15 (pour remettre à M. G. F.). Je suis impatient de savoir comment vous aurez fait votre voyage et comment se sera passé votre séjour à Rouen, surtout à cause de notre pauvre vieille.

Dumas m’a dit que les Prussiens quittaient Dieppe demain, définitivement. Il est fâcheux que tu ne puisses pas y rester un peu plus longtemps.

Adieu, pauvre chère Caro.

Ton vieil scheik.

En vous écrivant samedi matin de Bruxelles, vous ne pouvez pas avoir la lettre à Rouen avant lundi. Tâche de faire comprendre ça à notre vieille.