Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1317

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Louis Conard (Volume 6p. 400-401).

1317. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Samedi [3 août 1872].
Princesse,

Je commençais à trouver que vous m’oubliiez un peu. Il m’ennuyait de n’avoir pas de vos nouvelles, et j’allais vous écrire, quand j’ai reçu votre aimable billet du 29.

Mon temps de bains, dieu merci, touche à sa fin, et dans huit jours j’espère bien que nous serons à Paris. Je me propose d’aller vous demander à dîner dimanche.

Il faut que je m’en retourne à Croisset pour mes affaires, qui du reste prennent une assez bonne tournure, et je ne resterai pas longtemps à Paris. Je profiterai de ce petit séjour pour tâcher de placer Le Sexe faible, une pièce de mon pauvre Bouilhet que j’ai arrangée. Mais je n’ai aucun espoir. N’importe, je ferai ce que je dois, et puis, bonsoir !

J’ai lu L’Homme-Femme[1], et mon opinion est absolument la vôtre. Je trouve ce livre d’une médiocrité profonde ; aussi a-t-il un grand succès. Ce que vous me dites de mon vieux Théo m’afflige profondément. Tous mes amis s’en vont ! Quand les imiterai-je ?

Ma nièce est très sensible à votre bon souvenir ; elle me charge de présenter ses respects à Votre Altesse.

Je vous baise les deux mains, le plus longtemps que vous le permettrez, Princesse, et suis

Votre vieux fidèle.

Vous m’avez appelé ainsi. C’est un titre dont je suis fier. Et je m’en décore.


  1. De Alexandre Dumas fils.