Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1736

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 8p. 120-121).

1736. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, nuit de lundi, [10 juin 1878].

[…] Puisque tu te plais à Chinon, pourquoi n’y pas rester jusqu’au 16 ? Profite des bons moments, ils sont rares.

Que vas-tu faire ? et qu’allez-vous faire ? Vous me semblez bien incertains, quant à vos projets de voyage. J’imagine que tu vas d’abord voir un peu l’Exposition et le Salon, bien entendu. Mais ensuite, iras-tu directement à Plombières ou à Royat ? Ou bien reviendras-tu dans le pauvre vieux Croisset, qui est maintenant très beau et où je vous plains de ne pas être. Le seul événement de ma semaine a été hier, ici, le dîner de Lapierre. Leur môme, qu’ils m’ont amené, ne m’a pas diverti du tout, mais pas du tout. Son excès d’activité surexcitée par Julio, et d’ailleurs bien naturelle à son âge, comme dirait Prud’homme, m’empêchait de parler, me faisait battre le cœur. Comment des parents sont-ils assez égoïstes pour infliger à leurs amis des supplices pareils ? Mais il est convenu que les célibataires seuls sont égoïstes ! À 9 heures un quart je me suis retrouvé dans ma solitude avec plaisir. Voilà le vrai.

Mes bonshommes se portent bien ; mais, c’est peut-être leur faute, je ne dors pas assez. Pas plus de cinq heures la nuit, et à peine deux dans le jour…

Aujourd’hui, fête à Dieppedalle. Il a passé beaucoup de monde et de bateaux sous mes fenêtres. Comme j’avais tout à l’heure extrêmement froid aux pieds, je viens de me faire du feu. Voilà les dernières nouvelles.