Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1739

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 8p. 124-125).

1739. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi soir [juin 1878].

Oui, mon loulou, ton Vieux se trouve bien et même très bien, au milieu de son vieux cabinet, dans son vieux Croisset, à raboter sa vieille littérature, sur sa vieille table. Mon cinquième chapitre est maintenant tout à fait en train et, si rien ne m’arrête, je puis l’avoir fini à la fin de juillet.

Ton mari m’a tenu compagnie pendant trente-six heures, et est parti ce matin. Le dîner d’hier lui a plu beaucoup. Il a absorbé pas mal d’aloyau et immensément de crème. Il était fort content de la réussite de ses travaux horticoles. Mamzelle Julie n’est pas encore revenue. Un gros rhume la retient à Rouen. Je compte avoir le bon Laporte mercredi à dîner et à coucher.

Dimanche prochain j’aurai peut-être à déjeuner M. et Mme Lapierre.

Fortin s’est engagé à guérir ma tache frontale qui est maintenant fort laide : aussi prends-je de la liqueur de Fowler comme une jeune fille chlorotique et du bicarbonate de soude.

Voilà toutes les nouvelles, pauvre chat.

Je te félicite de la société de la bonne Flavie. C’est une vraie amie, celle-là ! ou plutôt c’est la vraie. Allez-vous jaboter ensemble ! Dis-lui de ma part mille tendresses. Ce ne sera pas trop.

Là-dessus, Monsieur embrasse son poulot et va se coucher.

Ta Nounou qui t’aime.