Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1833

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Louis Conard (Volume 8p. 243-244).

1833. À GUY DE MAUPASSANT.
Vendredi 28 mars 1879.
Mon cher Ami,

Quant à ce qui me regarde personnellement je suivrai vos instructions de point en point. Je remercierai du mieux qu’il me sera possible, puis nous verrons.

Pas plus tard qu’hier j’ai reçu une lettre de la Princesse me disant que dès que je serai revenu, on jouera chez elle votre Histoire du Vieux Temps. Ce jour-là, bien entendu, je vous présenterai. Vous pouvez lui envoyer votre brochure avec ce mot : « À S. A. I. Madame la Princesse Mathilde ». C’est la formule, le reste comme vous l’entendrez.

J’ai écrit à Huysmans une lettre de brave homme à laquelle il n’a pas répondu, c’est-à-dire que, tout en lui faisant des éloges, je lui disais franchement mon opinion. Si j’en avais reçu une pareille j’en aurais remercié l’auteur par un mot. Que dois-je penser ?

Est-il vexé ? Tant pis pour lui ! J’ai agi honnêtement et esthétiquement. Je m’étonne, aussi, de n’avoir point encore le nouveau roman d’Hennique (Couronneau ! ).

Fortin m’affirme que je pourrai aller à Paris au commencement de mai. Donc, mon pauvre chéri, nous nous verrons dans cinq ou six semaines au plus tard. Je continue à faire de la métaphysique. Mon nouveau manuscrit est préparé. J’en vois maintenant l’ensemble et je me mettrai à l’écrire dans huit ou dix jours, quand Caroline (que j’attends demain) sera partie.

C’est à ce-moment là, je pense, vers le milieu de l’autre semaine que j’aurai la visite de Charpentier et de Zola.

J’oublie toujours de vous prier d’aller chez Ernest Daudet, quand vous aurez le temps, chercher le manuscrit de la Féerie. J’ai des raisons pour ne pas le laisser traîner chez les étrangers.

Laporte, qui maintenant me classe des notes me charge de vous dire qu’il pleure sur son « épuisement prématuré ».

Je vous embrasse.