Correspondance de M. le marquis Du Chilleau, gouverneur-général de St.-Domingue, avec M. le comte de La Luzerne, ministre de la marine, et M. de Marbois, intendant de Saint-Domingue/09

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Copie de la Lettre de M. le Marquis du Chilleau à M. de Marbois, en date du 26 Mai 1789. Cotte A.


Lorsque j’eus l’honneur de vous proposer, Monsieur, de prolonger la permission de l’introduction des farines étrangères, vous me fîtes celui de me demander un délai de quinze jours, je vous en offris un de huit, le voici à la veille d’expirer ; je crois que nous compromettrions la subsistance de la Colonie ſi nous différions plus long-temps cette prolongation, elle est devenue indispensable par la certitude acquise que le Commerce National ne pourra expédier des farines qu’après la récolte prochaine, et par la petite quantité qui en a été introduite par les Étrangers depuis qu’ils y sont autorisés : Je crois donc, Monsieur, qu’il est de notre devoir de leur en prolonger la permission jusqu’au premier Octobre prochain : en conséquence, j’ai l’honneur de vous le proposer, ainsi que de permettre qu’ils reçoivent, en denrées coloniales, le montant du prix des farines qu’ils importeront, les assujettissant toutefois à payer les droits de Domaine d’Occident, et en leur défendant d’exporter plus de valeur en denrées Coloniales que celles des farines importées. Cette mesure me paraît nécessaire pour éviter l’exportation totale du peu de numéraire qui exiſte à Saint-Domingue ; elle contrariera le Commerce de France momentanément, mais le besoin urgent de la circonstance devra nous justifier à ses yeux.

J’ai l’honneur d’être, etc.