Correspondance de M. le marquis Du Chilleau, gouverneur-général de St.-Domingue, avec M. le comte de La Luzerne, ministre de la marine, et M. de Marbois, intendant de Saint-Domingue/04

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Réponse de M. de Marbois du même jour. Cotte B.

Je viens, Monsieur le Marquis, de recevoir la Lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ce matin. J’ai mis les affaires du Courier de côté et j’ai jetté sur le papier quelques idées sur la proposition que vous me faites de donner dès ce matin des ordres pour ouvrir les 12 Ports de la Colonie au Commerce étranger. Je vous conjure de l’examiner de nouveau. Le parti que vous proposez ne me paraît pas le plus avantageux à la Colonie elle-même, et il m’est impossible d’y concourir en ce qui regarde l’admission des farines et biscuit de l’étranger par d’autres Ports que par ceux d’Entrepôt. Les ordres du Roi contenus dans la Lettre de son Ministre sont précis à cet égard. Je vous prie aussi inſtamment de vous réunir à mon avis pour limiter les permissions quant aux quantités. Si vous n’adoptez pas cependant ce que je propose sur ce dernier point, je me réunirai au vôtre. Mais donnez-moi du moins jusqu’à ce soir pour rédiger un Règlement que nous porterons à l’enregistrement aussi-tôt qu’il sera signé. Je ne pourrais nullement dans deux ou trois heures de temps consulter toutes les loix qu’il nous faut suspendre ou modifier, et encore moins changer par une simple Lettre, le régime de la Colonie fondé sur tant de loix émanées de Sa Majesté. Au reste je vais à tout événement et toute affaire cessante, donner à cet objet tout le temps dont je puis disposer, et j’aurai l’honneur de vous voir aujourd’hui pour vous communiquer mon travail aussi-tôt qu’il sera en état.

Je suis fermement persuadé que si l’exportation des farines du Royaume pour nos Colonies était défendu nous en serions instruits par le Ministre, et que nos Commerçans eux-mêmes iraient des Ports du Royaume en chercher aux États-Unis pour nous les apporter. Je suis assuré que le Département n’aura pas abandonné l’existence des Colonies, sans nous avertir d’une mesure aussi importante.