Correspondance de Voltaire/1724/Lettre 109

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Correspondance de Voltaire/1724
Correspondance : année 1724GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 109-110).
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109. — À M. DE MAIRAN[1].

J’avais, monsieur, une extrême envie de vous connaître, et elle a bien augmenté depuis que j’ai eu l’honneur de vous voir : je n’ai jamais vu personne dont l’esprit et la raison soient si aimables. Les maux continuels que je souffre me sont d’autant plus sensibles qu’ils m’empêchent d’aller chez vous, et de cultiver par mes assiduités un commerce si utile et si agréable. Je n’ose assurément pas exiger que vous veniez perdre votre temps chez moi ; mais je suis bien à plaindre de ne pouvoir mettre à profit le mien chez vous.

Je viens de rendre compte à. M. le duc de Richelieu du soin que vous avez bien voulu prendre de lui chercher un gouverneur pour ses pages. J’ai vu le jeune homme que vous m’avez envoyé : il m’a paru avoir de l’esprit ; je lui ai trouvé une figure assez belle, et en tout sens il me paraît qu’il convient fort à des pages. M. de Richelieu vous a bien de l’obligation ; mais il m’en aurait davantage si je pouvais lui procurer la connaissance d’un homme comme vous. Si M. Benet est toujours dans le même sentiment, ayez la bonté, monsieur, de lui faire dire qu’il vienne incessamment chez moi, afin que je lui fasse prendre possession. J’ai stipulé qu’il aurait la table des gentilshommes, qu’on l’habillerait magnifiquement, et qu’il aurait deux cents écus d’appointements. Si cela ne suffit pas, je les ferai augmenter. On ne peut trop payer un homme présenté de votre main. Je suis, monsieur, avec l’estime que je vous dois, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.