Correspondance de Voltaire/1726/Lettre 158

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Correspondance de Voltaire/1726
Correspondance : année 1726GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 156).
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158. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES[1].

1726.

J’ai été à l’extrémité ; je n’attends que ma Convalescence pour abandonner à jamais ce pays-ci[2]. Souvenez-vous de l’amitié tendre que vous avez eue pour moi ; au nom de cette amitié, informez-moi par un mot de votre main de ce qui se passe, ou parlez à l’homme que je vous envoie, en qui vous pouvez prendre une entière confiance. Présentez mes respects à Mme  du Deffant ; dites à Thieriot que je veux absolument qu’il m’aime, ou quand je serai mort, ou quand je serai heureux ; jusque-là, je lui pardonne son indifférence. Dites à M. le chevalier des Alleurs que je n’oublierai jamais la générosité de ses procédés pour moi. Comptez que tout détrompé que je suis de la vanité des amitiés humaines[3], la vôtre me sera à jamais précieuse. Je ne souhaite de revenir à Paris que pour vous voir, vous embrasser encore une fois, et vous faire voir ma Constance dans mon amitié et dans mes malheurs.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Il est à croire que cette lettre fut écrite après l’affaire de Voltaire avec le chevalier de Rohan-Chabot. Voyez, tome Ier, sur cette affaire, la Vie de Voltaire par Condorcet.
  2. Sans doute la cour.
  3. Allusion à la conduite du duc de Sully.