Correspondance de Voltaire/1731/Lettre 206
Apparence
Correspondance de Voltaire/1731
206. — À M. DE CIDEVILLE.
À Paris, ce 10 janvier 1731.
Je ne l’ai plus, aimable Cideville,
Ce don charmant, ce feu sacré, ce dieu
Qui donne au vers ce tour tendre et facile,
Et qui dictait à La Faye, à Chaulieu,
Conte, dizain, épître, vaudeville.
Las ! mon démon de moi s’est retiré ;
Depuis longtemps il est en Normandie.
Donc quand voudrez, par Phébus inspiré,
Me défier aux combats d’harmonie,
Pour que je sois contre vous préparé,
Renvoyez-moi, s’il vous plaît, mon génie.
Adieu ; comptez toujours sur la plus tendre amitié de l’hypocondre V.