Correspondance de Voltaire/1732/Lettre 293

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Correspondance de Voltaire/1732
Correspondance : année 1732GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 308-309).
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293. — Á M. CLÉMENT[1],
receveur des tailles, à dreux
À Paris, le 24 novembre.

Les vers aimables que vous avez bien voulu m’envoyer, monsieur, sont la récompense la plus flatteuse que j’aie jamais reçue de mes ouvrages. Vous faites si bien mon métier que je n’ose plus m’en mêler après vous, et que je me réduis à vous remercier, en simple prose, de l’honneur et du plaisir que vous m’avez fait en vers. Je n’ai reçu que fort tard votre charmante lettre ; et une fièvre qui m’est survenue, et dont je ne suis pas encore guéri, m’a privé, jusqu’à présent, du plaisir de vous répondre. On avait commencé, il y a quelque temps, monsieur, une édition de quelques-uns de mes ouvrages, qui a été suspendue. J’ai l’honneur de vous l’envoyer, tout imparfaite qu’elle est ; je vous prie de la recevoir comme un témoignage de ma reconnaissance, et de l’envie que j’ai de mériter votre suffrage. Il est beau à vous, monsieur, de joindre aux calculs de Plutus l’harmonie d’Apollon. Je vous exhorte à réunir toujours ces deux divinités : elles ont besoin l’une de l’autre.

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.

(Hor. Art poet., v. 313.)}}

J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Ce financier bel esprit n’a rien de commun avec les Clément de Genève et de Dijon, ni avec un Clément de Montpellier, dont le nom figure en tête d’une pièce fugitive, dans les Poésies mêlées. Il vivait encore en 1748. (Cl.)