Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 395

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 412).
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395. — Á M. LE MARQUIS DE CAUMONT[1].
À Paris, ce 2 avril 1734.

Une longue maladie, monsieur, m’a mis hors d’état de répondre plus tôt à vos bontés. M. l’abbé de Sade, que vous allez revoir, me servira encore de protecteur auprès de vous. Je lui ai même remis un exemplaire de ma tragédie d’Adélaïde, dont je le prie de se servir pour vous faire ma cour. Je voudrais que mes vers pussent vous payer de la prose que je vous dois. Vous voyez du moins que je ne néglige point les occasions de mériter vos bontés.

Je suis toujours dans la résolution de faire quelque chose sur ce beau siècle de Louis XIV ; mais j’ai bien peur de n’en avoir ni le loisir, ni la santé, ni le talent. J’assemble toujours quelques matériaux en attendant que je puisse commencer cet ouvrage, qui me paraît également long et dangereux à achever.

Si vous trouviez dans ces Lettres en question des faits qui fussent dignes de votre attention, et que vous daignassiez me les communiquer, ce serait une grâce qui, après le commerce dont vous m’honorez, serait la plus grande que vous me pussiez faire. Que ne puis-je venir vous en remercier ! J’envie bien le sort de M. l’abbé de Sade, non que je lui envie l’honneur d’être prêtre et grand-vicaire, mais bien le plaisir d’être à Avignon et de vous y voir. Comptez à jamais, monsieur, sur ma tendre et respectueuse reconnaissance.

Voltaire.
  1. Communiquée par M. Ch. Romey ; voyez n° 364. (B.)