Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 423

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 444).
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423. — Á MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.
De Cirey.

Je suis pénétré, madame, de vos bontés. Ce pays-ci, qui n’était d’abord pour moi qu’un asile, est devenu, grâce à vous, un séjour délicieux, que je voudrais habiter toute ma vie. Il me semble que ma patrie doit être où vous habitez, Paris est partout où vous êtes. Je prends la liberté de vous envoyer une hure de sanglier. Ce monsieur vient d’être assassiné tout à l’heure, pour me donner occasion de vous faire ma cour. Je vous faisais chercher un chevreuil ; mais on n’en a point trouvé. Ce sanglier était destiné à vous donner sa hure. Je vous jure que je fais très-peu de cas d’une tête de cochon sauvage, et je crois bien que cela ne se mange que par vanité ; mais je n’ai rien autre chose à vous offrir. Si j’avais pris une alouette, je vous la présenterais de même, dans la confiance d’un homme qui croit que le cœur fait tout.