Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 432

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 449).
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432. — Á M. DE MAUPERTUIS,
à bâle.
Cirey, octobre.

Que tous les tourbillonniers s’en aillent, s’ils veulent, à Bâle, mais que le sieur Isaac[1] revienne à Paris, et, surtout, qu’il décrive une ligne courbe en passant par Girey.

J’ai reçu, monsieur, l’inutile lettre de Thieriot : une autre conduite eût mieux valu que sa lettre ; mais je pardonne aux faibles, et ne suis inflexible que pour les méchants. Horace met parmi les vertus nécessaires, ignoscere amicis[2], je crois avoir cette vertu-là, et, quand je n’y serais pas disposé, vous y auriez tourné mon cœur. Les hommes d’ailleurs sont, en général, si fourbes, si envieux, si cruels, que, quand on en trouve un qui n’a que de la faiblesse, on est trop heureux. La plus belle âme du monde passe la vie à vous écrire en algèbre ; et moi, je vous dis en prose que je serai toute ma vie votre admirateur, votre ami.

  1. Allusion, flatteuse pour Maupertuis, au prénom de Aewton. (Cl.)
  2. Horace, II, ép. ii, 210.