Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 442

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Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 456-457).
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442. — À MADAME DE CHAMPBONIN.
De Cirey.

Ma charmante Champenoise, il y a un lutin qui nous sépare. Je suis persuadé que vous serez bien fâchée de ne point voir arriver cette personne adorable que vous aimez tant, et que je devais avoir l’honneur d’accompagner. Consolez-vous ; n’y comptez plus. Elle est comme l’Amour, qui ne vient pas quand on veut. D’ailleurs, elle n’aurait pu vous enlever pour vous emmener à Cirey, parce que, autre chose est d’avoir de la laine cardée, et autre chose est d’avoir des tours de lit. Cirey n’est point encore en état de recevoir personne. Tout ce qui m’étonne, c’est que la dame du lieu puisse l’habiter. Elle y a été, jusqu’à présent, par le goût de bâtir ; elle y reste, aujourd’hui, par nécessité. Elle souffre beaucoup des dents, et encore plus de votre absence. C’est un sentiment que je partage avec elle. Vous savez combien elle vous aime, et combien je vous suis dévoué. Si j’étais avec toute autre qu’avec elle, je vous prierais de me plaindre.

Adieu ; aimez-moi un peu, vous me l’avez promis, et j’y compte, car je vous aime de tout mon cœur.