Correspondance de Voltaire/1735/Lettre 470
Emilie permet, mon cher ami, que j’ajoute quelques petits mots à sa lettre. Cela est bien hardi à moi. Peut-on lire quelque autre chose, après qu’on a lu ce qu’elle vous mande ? Elle vous assure de son amitié. Vous devriez, en vérité, venir à Paris prendre possession de ce qu’elle vous offre ; je connais les charmes de cette amitié, et j’en sens tout le prix. Si j’étais assez heureux pour vous voir dans sa cour, que de vers, mon cher Cideville ! que de conversations charmantes ! M. de Formont a eu le bonheur de la voir, et j’avais le malheur d’être bien loin ; enfin me voici revenu, mais me voici loin de vous. Il manque toujours quelque chose au bonheur des hommes. J’ai reçu un paquet que je n’ai pas encore eu le temps d’ouvrir. J’y verrai tous les charmes de votre esprit ; ce sera l’aimant de mon imagination. J’ai vu le gros Linant, mais je n’ai pas encore vu sa pièce. Je souhaite qu’elle se porte aussi bien que lui.
Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse bien tendrement.
Notre cher Formont devrait bien regretter Paris, si vous n’étiez point à Rouen. Je me flatte que M. du bourg-Theroulde veut bien se souvenir de moi. Pour M. de Brèvedent, s’il savait que j’existe, j’ambitionnerais bien son amitié. Adieu ; ne vous verrai-je donc jamais ?