Correspondance de Voltaire/1735/Lettre 479

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Correspondance de Voltaire/1735
Correspondance : année 1735GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 494).
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479. — Á M. DE CIDEVILLE.
À Paris, ce 6 mai.

Non, mon cher ami, je n’ai jamais reçu cette Reine des songes[1]. Cet abbé a sans doute connu le mérite de ce qu’il avait entre les mains, et l’a gardé pour lui ; je le ferai assigner à la cour du Parnasse : cela est infâme à lui.

Pour notre Linant, il faut bien des brigues pour le placer. J’espère que nous en viendrons à notre honneur, malgré les prêtres, qui ont empaumé le mari. C’est bien raison que la divine Èmilie l’emporte sur ces faquins, qui

Scire volunt sécreta domus, atque inde timeri.

(Juven., sat. iii, liv. I, v. 113.)

Point de prêtres chez les Émilies, mon cher ami ! Ah ! si nous pouvions vivre ensemble ! Ah ! destinée, destinée ! Les Émilies de Rouen retiennent mon cher Cideville. On a joué les Grâces[2], mais personne ne les a reconnues, parce que l’auteur ne les connaît guère. Adieu, vous qui êtes leur favori. Je pars ; je vous aime pour jamais.

  1. Voyez les lettres 220 et 487.
  2. Ballet de Roi, musique de Mouret, 1735.