Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1019

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 113).

1019. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
À Cirey, 12 janvier 1739.

Cher ange gardien, les mortels de Cirey ne feront rien sans vos inspirations. Mon neveu doit venir vous prier de souffler votre esprit sur lui ; vous lui direz s’il est convenable qu’il présente un placet à monsieur le chancelier.

Le jeune Helvétius, qui parait avoir bien de l’esprit et un cœur excellent, vous enverra un petit mémoire qui me paraît absolument nécessaire pour ce pays-ci, pour les étrangers et pour la postérité, si j’ose porter mes vues jusqu’à elle.

Croyez-vous que mes gens d’affaires fissent mal de rechercher l’auteur et l’imprimeur du libelle, et de faire secrètement, chez un commissaire, un procès-verbal qui servira en temps et lieu ? Tout cela est éloigné d’une tragédie ; mais, grâce à vous, nous y reviendrons. N’espérez-vous pas de celle de Linant ?

Adieu. Malgré tous ces orages, j’aime les beaux-arts plus que jamais. Les serpents que je rencontre aux bords de l’Hippocrène ne m’empêchent point de boire. Rien ne me décourage, car Émilie et vous, vous m’aimez. Mille tendres respects à l’autre ange. Mme  d’Argental.

Comment vont vos affaires cette année ?

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.