Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1022

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 114-115).

1022. — À M. THIERIOT[1].

Ce scélérat d’abbé Desfonlaines a donc enfin obtenu ce qu’il désirait ! Il m’a ôté votre amitié. Voilà la seule chose que je lui reproche. Je ne m’attendais pas que depuis le 14 décembre que son libelle a paru, je ne recevrais qu’une lettre de vous[2]. Si vous m’aviez écrit avec amitié, et tout uniment comme à l’ordinaire, je n’aurais point eu à me plaindre. Personne ne vous a jamais demandé de lettre ostensible[3] ; mais, moi, je demandais à votre cœur des marques de votre amitié, et j’ai eu la mortification de n’en recevoir aucune, pendant que les plus indifférents m’écrivaient les choses les plus fortes et les plus touchantes, et m’offraient les plus grands services. Mme  et M. du Châtelet, Mme  de Champbonin, tout ce qui est ici, effrayés de votre silence, ne savent à quoi l’attribuer. Pour moi, qui ne pense pas seulement à Desfontaines, et qui ne pensais qu’à l’amitié, je ne me crois outragé que par l’inquiétude où vous me laissez.

  1. Cette lettre, datée dans Beuchot du 24 décembre 1738, ne peut étre que de janvier 1739.
  2. Plus loin, lettre 1034, Voltaire dit que cette lettre de Thieriot fut écrite seize jours après le 14.
  3. Allusion à la lettre 1001, écrite le 31 décembre par Thieriot à Mme  du Châtelet.