Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1113

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 225).

1113. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON.
Le 24 mars.

J’envoie, monsieur, sous le couvert de monsieur votre frère[1], le commencement de l’Histoire du Siècle de Louis XIV. Elle ne sera pas plus honorée de la cire d’un privilège que les deux Épîtres[2] ; mais, si elle vous plaît, c’est là le plus beau des privilèges. Or, j’ai grande envie de vous plaire, et vous verrez que, si je n’en viens pas à bout, ce ne sera pas faute de travailler dans les genres que vous aimez. Laissez-moi faire, et vous serez au moins content de mes efforts.

Hélas : monsieur, est-il possible que le prix de tant de travaux soit la persécution ! et quelle persécution encore ! la plus acharnée et la plus longue. Il paraît que mon affaire contre Desfontaines prend un fort méchant train. N’importe, j’ai la gloire que vous avez daigné vous y intéresser : c’est la plus belle des réparations. Vous m’aimez. Desfontaines est assez puni.

Voilà comme la vengeance est douce. Mon cœur est pénétré de vos bontés pour jamais.

  1. Le comte d’Argenson, ministre de la guerre.
  2. Sur la Nature du Plaisir, et sur la Nature de l’Homme. Ce sont les cinquième et sixième Discours.