Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1133

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 244-245).

1133. — À M. THIERIOT.
À Cirey, le 13 avril.

Ma santé est toujours bien mauvaise, quoi qu’en dise Mme du Châtelet ; mais ce n’est que demi-mal, puisque la vôtre va mieux, Mme la marquise vous a demandé le Coup d’État[1], que je crois de Bourzeis, et l’Homme du Pape et du Roi, que je crois du bavard Silhon. Nous attendons aussi le Dèmosthène grec et l’Euclide. Il est triste de quitter ces lectures et Cirey, pour des procès et pour les Pays-Bas. Je vous demande instamment de remercier pour moi Varron-Dubos ; je voudrais être à portée de le consulter. Cet homme-là a tous les petits événements présents à l’esprit comme les plus grands. Il faut avoir une mémoire bien vaste et bien exacte pour se souvenir que M. de Charnacé[2] commandait un régiment français au service des États. La mémoire n’est pas son seul partage ; il y a longtemps que je le regarde comme un des écrivains les plus judicieux que la France ait produits.

J’ai écrit à M. Lefranc. Il y a de très-belles choses dans son Épître, et il paraît qu’il y en a de fort bonnes dans son cœur. Je vous prie de m’envoyer une Lettre[3] qui paraît sur l’ouvrage du Père Bougeant, et une lettre sur le vide[4], dont vous m’avez déjà parlé.

Mille respects, je vous prie, à tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi. Vale.

  1. Cet ouvrage est de Jean Sirmond, l’un des premiers membres de l’Académie française, comme Jean Silhon. Quant à l’homme du Pape, il est attribué, dans le Dictionnaire des Anonymes de M. Barbier, à Béniyne Milletot, doyen du parlement de Dijon en 1626, et ami intime de saint François de Sales, qui ne put empêcher qu’on mît à l’index, à Rome, quelques ouvrages du magistrat bourguignon. (Cl.)
  2. Hercule Girard, baron de Charnacé, tué d’un coup de mousquet, en 1637, cité dans le chapitre ii du Siècle de Louis XIV.
  3. Lettre à Mme la comtesse D ***, 1739, in-12, attribuée à Aubert de La Chesnaie, capucin réfugié en Hollande.
  4. Examen du vuide, ou espace newtonien, relativement à l’idée de Dieu. Paris, 1739, in-12 de 24 pages ; attribué à de La Fautrière.