Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1223
Je vous salue au nom d’Apollon, et je vous embrasse au nom de l’amitié. Voici l’ode de la Superstition[1] que vous demandez, et l’opéra[2] dont nous avons parlé. Quand vous aurez lu l’opéra, mon cher ami, envoyez-le à M. de Pont-de-Veyle, porte Saint-Honoré. Mais, pour Dieu, envoyez-moi de meilleures étrennes. Je n’ai jamais tant travaillé que ce dernier mois ; j’ai la tête fendue. Guérissez-moi par quelque belle épître. Adieu les vers cet hiver, je n’en ferai point : la physique est de quartier ; mais vos lettres, votre souvenir, votre amitié, vos vers, seront pour moi de service toute l’année. Avez-vous ce Recueil qu’avait fait Prault ? Pourquoi le saisir[3] ? Quelle barbarie ! suis-je né sous les Goths et sous les Vandales ? Je méprise la tyrannie autant que la calomnie. Je suis heureux avec Émilie, votre amitié, et l’étude. Vous l’avez bien dit[4] : L’étude console de tout.
Je vous embrasse mille fois.
- ↑ Voyez, tome VIII, l’ode vii et ses notes.
- ↑ Pandore. Cette lettre est la première où Voltaire parle de cet opéra.
- ↑ Voyez la note de la page 351.
- ↑ Helvétius a dit (voyez tome XXIII, page 22) :
Étude, en tous les temps, prête-moi ton secours !
· · · · · · · · · · · · · · ·
Par toi l’homme est heureux au milieu des revers :
Avec toi l’homme a tout, etc.