Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1348

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Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 513-514).

1348. — À M. THIERIOT[1].
À la Haye, ce 29 septembre.

Je n’ai que le temps, après avoir un peu couru, de vous dire, mon cher ami, qu’il ne m’a manqué que vous, quand j’ai eu le bonheur de voir le roi de Prusse. Je voudrais avoir été plus utile à M. Dumolard ; mais M. Jordan, à qui j’ai écrit une longue lettre sur son compte, et à qui vous avez écrit aussi, m’est témoin, aussi bien que M. de Maupertuis, combien j’ai sollicité en sa faveur. Je ne suis point

Dissimulator opis proprice, mihi commodus uni.

J’ai fait ce que j’ai pu, mais le roi a déjà beaucoup de bibliothécaires et beaucoup de gens savants dans les langues. Il me semble que M. Dumolard m’a dit qu’il pourrait être utile dans une imprimerie. Le roi a dessein d’en établir une très-belle ; si donc M. Dumolard pouvait en être le directeur, ce serait un commencement de fortune pour lui. Il faudrait, en ce cas, que je susse s’il pourrait établir des fonderies de caractères à meilleur marché que des Anglais et des Hollandais, qu’on propose au roi, et s’il voudrait se consacrer pour quelque temps à ce travail. Je voudrais de tout mon cœur lui rendre service, et le cœur me saigne du voyage inutile qu’il fait. Il me paraît avoir beaucoup de mérite.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.