Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1433

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Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 48-49).

1433. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 2 mai, à Bruxelles (1741).

J’ai été à Lille quelques jours, mon cher ami, et c’est de là que je vous envoyai ma signature en parchemin, dans laquelle j’oubliai le nom d’Arouet, que j’oublie assez volontiers. Je vous renvoie d’autres parchemins où ce nom se trouve, malgré le peu de cas que j’en fais.

J’ai reçu les nouveaux mémoires de M. Poniatowski[2], avec un formulaire de procuration que je suivrai exactement. Je vous enverrai un certificat de vie, puisque, malgré ma maigreur et ma langueur, on dit que je vis encore. Mais ne pourrais-je pas différer jusqu’au 1er juillet ?

Je m’arrange pour payer ici huit mille livres que j’avais déléguées sur l’Hôtel de Ville. Je trouve que cette somme, et même plus, me sera due en juillet. Je compte donc que je recevrai à la fois de la Direction, de M. de Goesbriant, et de la Ville ; si cependant vous jugez à propos de recevoir à présent de la Direction, je vous enverrai toutes vos pancartes.

Je croyais que c’était en 1731 que j’avais fait mon contrat avec M. de Goesbriant, et je le croirais encore si votre modèle de procuration ne disait 1732 examinez mon objection.

Si vous trouviez par Pasquier ou autres environ huit mille ou neuf mille livres à placer pour un an selon les us et coutumes, alors nous recevrions cet argent de la Direction, qui va, je crois, à cinq mille livres, et vous y ajouteriez le reste de votre caisse. J’attends sur cela votre réponse. Si cela ne se peut, nous recevrons en juillet de la Direction et de l’Hôtel de Ville.

Je fais réflexion que si vous recevez de bonne heure du Trésor royal, on pourra joindre cet argent à celui de la Direction et de la Caisse, et en composer plus de dix mille livres, qu’on mettra sur la place, et que Pasquier fera valoir à cinq pour cent s’il le veut. C’est un argent que je retrouverai à Paris, quand il faudra me meubler dans l’hôtel du Châtelet.

J’écris à Tanevot pour savoir des nouvelles de 1738. Recevez toujours les deux ordonnances.

Je vous prie de parler à M. de Barassy, pour savoir comment on peut s’y prendre pour être payé de M. d’Estaing.

À l’égard de Lézeau, nous en parlerons au mois de juillet.

Je vous prie d’envoyer chez la veuve Alex… ( ? ). J’attends avec impatience un exemplaire des Éléments.

Quand vous serez de loisir, mon cher abbé, si vous trouvez quelque joli petit paravent à feuilles, qu’on met devant les cheminées, et dont les feuilles se lèvent et se baissent, ayez la bonté de l’acheter pour Mme  Denis, et de l’envoyer franc de port à M. Denis, comme le lustre. Cela doit coûter entre trois et quatre louis. Ces paravents sont hauts d’environ trois pieds et demi, plus ou moins, et sans doute vous les connaissez. Bonsoir, mon cher ami. Je vous donne toujours de l’occupation. Pardon.

M. de Poniatowski est-il encore à Paris ? Il m’est important de le savoir.

  1. Édition Courtat.
  2. Stanislas-Ciolek, comte de Poniatowski, né en 1678, mort en 1762, père du roi de Pologne Stanislas-Auguste, et aïeul du valeureux prince Joseph Poniatowski, mort au passage de l’Elster, en octobre 1813. (Cl.)