Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1481

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 107-108).

1481. — À M. BERGER.
Cirey.

Vous ne devez pas plus douter, mon cher monsieur, de mon amitié que de ma paresse. Ce n’est pas que je sois de ces aimables. paresseux de nouvelle date, qui se tourmentent à dire qu’ils ne font rien. Je suis d’une espèce toute contraire. J’ai tant travaillé que j’en ai presque renoncé au commerce des humains ; mais le vôtre m’est toujours bien précieux, et c’est un bel intermède, dans mes occupations, que la lecture de vos lettres.

Le roi de Prusse me mande qu’il prend La Noue[1] et Duré[2]. S’il enlève aussi Gresset, nous n’aurons guère plus de danseurs, d’acteurs, ni de poëtes. Nous acquérons de la gloire en Allemagne[3], et les talents périssent à Paris.

Je vous embrasse, et suis pour toujours plein d’attachement pour vous.

  1. Voyez une note sur la lettre 1127.
  2. Célèbre danseur qui devint, en 1747, maitre des ballets à l’Opéra.
  3. Voyez, tome XV, le chapitre vi du Précis du Siècle de Louis XV.