Correspondance de Voltaire/1742/Lettre 1494

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Correspondance de Voltaire/1742
Correspondance : année 1742GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 117-118).

1494. À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
Ce dimanche, à 3 heures, … mars.

Mme du Châtelet n’a point été à Versailles. M. de Breteuil[2] était à Paris d’hier à trois heures, et en apoplexie, sans qu’on en sût rien dans sa maison qu’à cinq heures du soir. Il était tombé malade à Issy, chez l’abbé Brizard, et ce bon abbé n’avait su autre chose que de le renvoyer à Paris, au lieu de le faire secourir sur-le-champ ; s’il meurt, ce sera à ce digne prêtre qu’on en aura l’obligation.

Le cardinal de Fleury, qui n’a rien su que tard de cette sottise effroyable de l’abbé Brizard, a envoyé ce matin faire bien des excuses au moribond. Il a été saigné trois fois. Il avait cette nuit un bras paralytique. La saignée, l’émétique et la fièvre, le sauveront peut-être.

Je ne suis point en apoplexie, mais c’est de toutes les maladies en ie la seule qui me manque.

Je baise les ailes de mes anges. Mme du Châtelet, qui revient, vous fait mille compliments.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Ministre de la guerre.