Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1592

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Correspondance de Voltaire/1743
Correspondance : année 1743GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 223-224).

1592. — À M. LE COMTE D’ARGENSON,
ministre de la guerre.
À la Haye, ce 15 juillet.

Sera-ce vous faire mal ma cour, monseigneur, que de vous envoyer le petit état ci-joint ? Je doute qu’il y ait aucun ministre à la Haye qui ait cette pièce secrète[1].

Je voudrais rendre des services plus essentiels ; je souhaite que ma famille soit plus à portée que moi de vous prouver son zèle.

Mon neveu La Houlière[2], capitaine dans Lyonnais, frère du jeune Marchant, ayant été blessé plus dangereusement qu’aucun autre officier, à l’affaire de Dingelfing, demande cette croix de Saint-Louis pour laquelle on se fait casser bras et jambes.

Marchant père et fils[3] ne demandent qu’à vêtir et alimenter les défenseurs de la France.

Courage, monseigneur, courage la fermeté rendra la France respectable à ceux qui l’ont crue affaiblie. Personne ne forme des vœux plus sincères pour votre gloire que votre ancien serviteur V., qui vous aime avec tendresse et qui vous est respectueusement dévoué pour jamais.

Par la première, j’aurai l’honneur de vous envoyer l’état des dépenses extraordinaires de cette année, et vous pourrez comparer ce qu’il en coûte en France et en Hollande pour le même nombre d’hommes.

Vous pouvez être sûr que les Hollandais ne vous feront pas grand mal. Il est actuellement huit heures du soir, 15 juillet. À sept heures, le général Hompesch, qui attendait l’ordre de partir, a reçu un ordre nouveau de faire mettre petit à petit, ces quinze jours-ci, jusqu’au 1er d’août, les chevaux à la pâture. Les gardes à pied n’auront les ordres pour la marche que le 24 juillet. Il est évident qu’on cherche à ne plus obéir aux Anglais, sans leur manquer ouvertement de parole. Vous pouvez compter sur ce que j’ai l’honneur de vous dire, jusqu’à ce que ce qui est vrai aujourd’hui ne le soit plus dans huit jours.

  1. État des forces et des ressources de la Hollande. Voyez les Mérnoires de Voltaire.
  2. Marchant de La Houlière, neveu de Voltaire à la mode de Bretagne. Il fut promu au grade de brigadier des armées du roi le 12 novembre 1770. Voyez la lettre que Voltaire lui écrivit le 22 octobre de la même année.
  3. Marchant de Varenne, frère de Marchant de La Houlière ; il fut maître d’hôtel du roi, et ensuite fermier général en 1770. (Cl.)