Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1631

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Correspondance de Voltaire/1743
Correspondance : année 1743GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 270-271).

1631. ‑ DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Berlin, 4 décembre 1743.

La peau de ce guerrier fameux
Qui parut encor redoutable

Aux Bohêmes, ses envieux,
Après que le trépas hideux
Eut envoyé son âme au diable,
Est ici pour les curieux.

Quand un jour votre âme légère
Passera sur l’esquif fameux,
Pour aller dans cet hémisphère
Inventé par les songe-creux,
Les restes de votre figure,
Immortels malgré le trépas,
Donneront de la tablature
À nos modernes Marsyas.


Oui, la peau de Zisca, ou, pour mieux dire, le tambour de Zisca, est une des dépouilles que nous avons emportées de Bohême.

Je suis bien aise que vous soyez arrivé en bonne santé à Lille ; je craignais toujours les chutes de carrosse.

Vous voilà plus enthousiasmé que jamais de quinze cents galeux de Français qui se sont placés sur une Ile du Rhin, et d’où ils n’ont pas le cœur de sortir[1]. Il faut que vous soyez bien pauvres en grands événements, puisque vous faites tant de bruit pour ces vétilles ; mais trêve de politique.

Je crois que les Hollandais peuvent avoir des pantomimes, quand les acteurs viennent des pays étrangers. Ils auront de beaux génies, quand vous serez à la Haye ; de fameux ministres, lorsque Carteret y passera ; et des héros, lorsque le chemin du roi, mon oncle, le conduira par des marais pour retourner à son île. Federicus Voltarium salutat.

  1. Les Français venaient de s’emparer de Fribourg en Brisgau ; mais le roi de Prusse l’ignorait encore, ou feignait de n’en rien savoir.